Extrait de l'émission CPU release Ex0161 : Légendes confidentielles du minitel, troisième partie.
Le nom de Xaviel Niel avait été plusieurs évoqué dans une affaire de services roses et de sex-shops…
Tiens, ça me fait penser… Vous avez plusieurs fois parlé du minitel rose, à croire que c'était une obsession pour tout le monde. Mais comment cela marchait derrière ? Il fallait composer entre un numéro de commission paritaire et la mafia ? Ou c'était parfaitement légal ?
Déjà, il ne faut pas croire que tout était rose . Une récente série romantique, « 36 15 Monique », joue pourtant la carte de la nostalgie sur le sujet.L'ex-commissaire de la mondaine Roger Le Taillanter a écrit en 1989 un livre à charge sur le sujet : « Paris-sur-Vice 2 : Dans l'enfer du minitel rose », où il prouvait que toutes les messageries roses étaient liés à des réseaux de prostitution et de traite des blanches. Bon, après coup, il s'est avéré qu'il exagérait histoire de se faire mousser, et afin de pouvoir étendre son domaine de police aussi sur les ordinateurs. Et qu'en fait, cette situation ne concernait que de petites boites très à la marge.
Soit il était parano, soit il n'était pas très honnête…
On en a l'habitude dans la police : par exemple, pour montrer les dangers des drogues de synthèse, on fait croire qu'on a saisi 4 kg de MDMA… Alors qu'en fait on a juste du colorant pour bonbons. L'idée est de faire une mise en scène expliquant la criminalité potentielle.
Vous faites référence au récent communiqué de la Préfecture de Police ?
Oui, à mon avis, le planton qui a laissé un journaliste goûter la poudre rose a dû être sévèrement saqué.
Mais revenons à la fin des années 1980s.
Le livre de Le Taillanter avait vocation à ouvrir les yeux sur le danger potentiel (et j'insiste, potentiel
) du Minitel Rose. Un ouvrage qui malheureusement a été très peu relayé, même par la presse conservatrice, Éric Zemmour n'était que pigiste à l'époque. Car s'attaquer aux bénéfices du minitel, c'est s'attaquer directement à la presse, car les-dits minitels rose faisait une part immense de leurs revenus, et donc risquer de perdre les élections puisque les rédacteurs en chef de la place de Paris se ligueront alors contre vous.
Un peu comme si de nos jours on s'attaquait aux données personnelles récupérées par les publicités dans les sites internet de nos journaux favoris. Impensable, même pour le plus chevronné des militants, sinon il n'aurait plus jamais accès à ces journaux.
Oui, ça reste une fake news
Ce n'était pas une fake news
! Mais une information anticipée… Bon, soit, elle n'a pas eu vraiment lieue…
Votre commissaire avait ses fantasme, hein ?
Son enquête a été polluée par des dénonciations calomnieuses de concurrents jaloux ! Conconbremitoirement, dans les faits, de nombreuses fortunes françaises actuelles des télécoms et d'internet est venue par le minitel rose, puis le téléphone rose. Il n'y a pas de cocu sans feu au cul.
Ben mon cochon !
Une des très grandes difficultés n'était pas d'ouvrir le service ou d'avoir des clients. Au contraire : ces entrepreneurs y arrivaient très vite. Mais d'avoir du personnel pour garder ces clients connectés, sinon ils allaient chez un concurrent. Et donc de tenir un KPI en taux de rétention acceptable. Du coup ces responsables de services minitels se transformaient en proxénètes textuels, avec une limitation : il est très difficile de convaincre une femme de venir travailler le soir dans une entreprise, payée à rédiger des messages cochons voire dégradants. Ils ont pourtant tout tenté dans la légalité : les petites annonces, les agences d'intérim et même… le bouche… à oreille.
Et ceci, malgré les possibilités de télétravail du minitel.
La pénurie d'animatrices de minitel rose a obligé de très vite compléter par des hommes, qui ont dû composer avec les règles de grammaire, toutes les subtilités de l'accord du féminin...
Oui, je connais quelques animateurs de Radio <FMR> qui étaient animatrices de nuit.
Je ne citerai pas la directrice d'un important service minitel basé à Toulouse, ex-professeur de français, qui était absolument intraitable là dessus. Beaucoup d'étudiants qui cherchaient des petits extras s'en souviennent encore et sont traumatisés par le e
final sur les adjectifs.
D'ailleurs, deux très grands opérateurs nationaux de services minitels coquins avec animatrices et animateurs étaient installés à Toulouse dans le quartier du Mirail, qui est non seulement une zone à développer économiquement, donc sujet à des exemptions fiscales, mais aussi le site d'une importante université d'arts et lettres. Or, c'est bien connu, les étudiants en arts sont très prompts au sexe, portés sur la bagatelle.
Pas faux : le quartier Bagatelle est juste en face…
Ah ! qu'est-ce que je vous disais ?
Et puisque vous parliez de vos animateurs, votre radio exploitait son propre service minitel, le 36 15 FMR. Comme chez nous, rien ne se perd, j'ai retrouvé des notes des Renseignements Généraux avec les pseudonymes qu'utilisaient vos animateurs sur votre service.
Alors... Lafraise
Ça, c'est Philippe Frézières, le président à l'époque
Rouland Rocaille
... rock'n'roll
, ça sent le Patrick Chabouté, chargé des relations avec les labels musicaux
Grosse Vierge
Ça, c'est Raskal
Jeanette
.... Je crois que c'est Da Scritch
Non, c'était une certaine Suzanne, lui c'était Natacha
…
Alors Suzanne était Jeanette
, dans ce cas.
Surement. Almodobraquemar
Ça c'est Franck Priot, journaliste cinéma
Robocop
Alex Masson, l'autre journaliste cinéma
Géraldine
C'est un piège, elle était sur le 36 15 Skyrock
Bien déjoué, mais son service s'appelait 36 15 Géraldine. Alors, voyons, ah ! Mama Benz
Ah, ça, c'était Mercédes
Les Cénobites Tranquilles
Bernard Amade, le chef du service
Platini
… C'était vous, non ?
Oui, merci du outing.
Texte : Da Scritch
Interprété par DuSport et Monsieur X
Photo : Minitel 1 peint en rose avec un autocollant We stream porn
du Tetalab avec la page de garde du 36 15 Ulla, exposé par The Dead Minitel Orchestra au Graffiti Research Lab France, D.R.