Extrait de l'émission CPU release Ex0180 : Mecha, seconde partie.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui te demande comment a été simplifié l'interface utilisateur de ce grand super-robot qui fait 4 étages de haut.
En langage technique, on dit mecha
.
Dans les années 1980s à Toulouse, une troupe de théâtre de rue fait sensation en manipulant des engins imposants durant leurs spectacles : la troupe Royal De Luxe. Ils ont cuit à la broche un autobus et fait accoucher une péniche en double file boulevard de Strasbourg. Suite à un conflit avec le maire d'alors Dominique Baudis, qui en tant qu'ex-speakerine préférait les spectacles à la télé plutôt que bloquant les grands boulevards, Royal de Luxe s'exila à Nantes où ils monteront Les Machines de l'Île.
Et là, Enfant du Futur Immédiat, tu me dis :
C'est quoi le rapport ?
Ben ils ont créé des marionnettes à échelle titanesques, soit de formes animales (comme leur célèbre grand éléphant à Nantes), humaines (comme pour celles de l'ouverture du Mondial 1998) ou mythologiques, comme un Minotaure. Oui, ce même Minotaure qu'on a à Montaudran dans la Halle de la Machine. Ben figure-toi que la même Mairie de Toulouse a payé fort cher la licence à la même équipe 25 ans après les avoir virés.
Good game !
comme on dit sur internet. Facepalm !
a dû faire la Cour des Comptes d'Occitanie.
Revenons au moment où Royal de Luxe quitte Toulouse et laissons filer le temps.
En 1993, entres autres Crimes Contre l'Humanité, et à peu près au moment où j'apprenais à piloter une nacelle télescopique automotrice de 30 m, je deviens un des rares chroniqueurs BD sur un média audiovisuel à traiter la manga de la même manière que je le faisais avec la BD franco-belge. Ce statut qui, oui, à l'époque était très rare, m'a très vite accroché comme cible d'un bombardement de services de presse des grands éditeurs ; lesquels préféraient parfois m'envoyer exclusivement leurs manga plutôt que des BD, ce qui me désespérait un peu.
Mais cela m'a permis d'approfondir ma culture générale sur le pays d'où venaient les dessins-animés qui hérissaient tant Ségolène Royal.
Depuis, elle est passée à…
…des colères parfaitement saines.
Donc, je reprends, entrant dans le petit landernau des chroniqueurs du 9ème art ne snobant pas les mangasses
, j'ai lié d'amitié avec le fondateur des éditions Tonkam, Dominique Véret, qui m'a fait découvrir la culture pop japonaise sur des plans bien plus large allant du J-Rock, la techno, l'art, les drama live historiques et j'en passe.
Voilà comment je me suis intéressé à des artistes comme Julie Watai qui signe des collaborations avec des marques industrielles pour mettre en scène des photos étonnantes. Ou encore Hiroto Ikeuchi qui déconstruit-reconstruit des appareils pour en faire des exosquelettes cyberpunk. D'ailleurs, il signe actuellement une campagne pour Balenciaga, preuve que Marc Beaugé peut se moquer d'une partie du catalogue de cette marque de haute-couture, mais qu'ils peuvent aussi oser avec classe.
Plouf plouf. Replongeons dans nos années Nolife. En 2015, lors de nos premières releases de CPU, on discutait dans l'équipe d'un teasing qu'on nous a fait marner : Suidobashi heavy industry, respectable entreprise japonaise avait construit Kuratas, un mecha réel, un vrai robot de combat sportif, armé de paintballs et surtout le sens de détail qui fait toute la réputation des produits venant du Soleil Levant.
Titillée par le défi technique, une autre boite, MegaBots, américaine celle-là, a monté le sien dans la foulée grâce à un kickstarter de 1,8 M$ ; n'oublions pas qu'il est de tradition dans ce vaste pays de construire des monsters trucks, des 4×4 surélevés s'amusant à écraser dans une arène une rangée de voitures, souvent de marques japonaises, sous les vivas d'une foule surexcitée louant le Puissant V12 qui a créé et préservé [leur] nation.
rōnin versus redneck, on ne pouvait imaginer mieux qu'une confrontation entre un gros robot du Japon et un des États-Unis, ce qui a plus de gueule qu'un combat de mini-robots sumotori grands comme un cubesat et bien moins sanglant que les combats aériens de la Guerre du Pacifique. Finalement, nous n’eûmes droit qu'à une vidéo de 5 mn postée sur Youtube et franchement… mou du piston. Et encore : la vidéo est fortement remontée, même le journaliste sportif de la BBC a manifesté sa déception à l'antenne, c'est dire ! Entretemps, on a compris que cette confrontation
n'était qu'une cascade publicitaire pour une chaine du câble :
Le combat dans son entier est disponible sur notre service de vidéo à la demande pour seulement 15 $.
Et en Europe ?
Cela fait une vingtaine d'année que les bandes dessinées entrent enfin dans les musées français généralistes, au même moment et toujours au Japon, c'est ce genre particulier de science-fiction, celui des grands robots, qui fait régulièrement l'objet d'expo dans les musées de technologie. Quand on ne croise pas un Mobile Suit Gundam faire un footing du côté de Yokohama.
Même irréalistes, ils titillent l'imagination des ingénieurs et donnent une formidable occasion de découvrir les sciences de l'ingénierie appliquées (ou des bd de Jean-David Morvan).
Alors en cette fin d'année, faute de pouvoir en approcher un tous les jours, on aimerait bien savoir si les progrès en termes de stockage électrique, de puissance énergétique restituée et d'assistance par systèmes embarqués, peut nous faire rêver ou paniquer à l'idée d'une connexion en remote access sur ce type d'engins.
Et non, Enfant du Futur Immédiat, je n'ai pas mis un mech
dans ma liste au Père Noël, mais je ne dirais pas non pour jeter un œil sur son SDK (son kit de développement logiciel).
Texte : Da Scritch
Illustrations sonores : Comporte des samples en CC-0 de Freesound et un extrait du débat du 2nd tour de la présidentielle entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Photo : Unicorn Gundam à l'échelle 1 exposée à DiverCity Tokyo Plaza, 2019, CC-BY-Sa Nakashi, détail.