Extrait de l'émission CPU release Ex0213 : Disséquons une URL, première partie.
Puisqu'on parlait de l'adresse d'un serveur dans l'autorité d'une URL, revenons sur le nom de domaine d'un serveur.
Il y a une part implicite dans un nom de domaine qu'on n'écrit quasi jamais dans une URL. C'est pas le sous-domaine www.
non non non !
Ce que l'on omet dans un nom de domaine est le .
final. Une ponctuation qui est plus qu'un simple symbole : le point final symbolise la racine DNS, l'annuaire liant noms de domaine et leurs adresses numériques sur internet. En gros, quand vous ne le mettez pas, vous faites un appel relatif vers le serveur résolveur DNS du même niveau. Et là, votre ordinateur va tenter d'identifier à quelle adresse numérique appartient le nom de domaine que vous appelez, dans cet ordre :
- Votre ordinateur va voir s'il connait cette adresse dans son petit annuaire local, un fichier appelé
/etc/hosts
(oui, même sous Windows). - S'il ne le trouve pas, il va chercher dans l'annuaire de votre réseau local ou un vrai résolveur de nom dans un réseau d'entreprise.
- S'il n'y a pas de correspondance, il pose la question sur les résolveurs DNS de votre fournisseur d'accès.
- Si il ne trouve toujours pas, il remonte alors aux fameux serveurs racines des annuaires, ceux symbolisés par le
.
final. Le résolveur DNS racine va alors interroger le résolveur DNS du top level domain, par exemple à.net
pour savoir qui estradio-fmr.net
, et que l'adresse IP du serveur web est le 203.0.113.9.
Ne notez pas cette adresse IP, elle est purement fictive. Oui, je sais, j'explique super mal, un certain Stéphane Bortzmeyer m'a menacé de 4 heures de colle. Il me soupçonne d'être Bortzmoinbien. Ahem.
Donc, pour revenir à ce point final, si dans une URL vous le mettez à la fin d'un nom de domaine, l'adresse que vous appelez est l'adresse absolue, ce que l'on appelle un fully qualified domain name. Vous utilisez directement le 4ème scénario. En gros, c'est comme si au lieu de donner le numéro de téléphone de Radio <FMR>, le 05 61 580 580, je vous donne le numéro de téléphone au format international : +33 5 61 580 580. Le .
final d'un nom de domaine est un peu le +
au début d'un numéro de téléphone : Le mettre indique qu'on parle de l'adressage numérique valide internationalement, et pas d'un éventuel alias local.
Et dans les numéros de téléphone, on peut aussi avoir des cas d'adressage de sous-réseaux d'entreprise. Par exemple, si vous travaillez dans une entreprise ou une collectivité avec un réseau téléphonique interne, si si, vous savez, les numéros de poste interne,… ben vous devez mettre un 0
de plus avant pour accéder au réseau téléphonique public de votre pays. Donc pour nos amis de la Mairie de Toulouse qui tout à l'heure veulent gagner une place pour le groupe de punk ASMR J'irais manger des keftas sur tes gencives, durant l'émission de 17h-19h, vous devrez composer sur votre poste de travail le 00 5 61 580 580
, mais méfiez-vous, votre N+1 le saura immédiatement.
Par contre, si vous composez ce numéro d'un téléphone standard, j'espère qu'un coup de fil au Chili [+56] est inclus dans votre forfait téléphonique…
Ahem. Je décroche des URL, là, on revient à notre sujet.
Parlons d'un cas d'usage amusant avec ce point final : pour un navigateur web, entrer une URL avec un nom de domaine sans et avec le point final, c'est comme visiter deux sites différents, avec deux identités différentes. Ce qui veut dire que les cookies envoyés ne sont pas les mêmes. Ce point de détail… a été super utile quand on développait un site du temps d'Internet Explorer 6 ou de Netscape, quand vous deviez comparer un site en étant identifié dessus et sans l'être. Parce qu'à l'époque on n'avait ni gestionnaire de session, ni mode de navigation privé et d'ailleurs, il était quasi-impossible sous Windows d'installer deux Internet Explorer différents.
Maintenant, pour frimer, on a trouvé mieux.
Tout à l'heure, je parlais de la partie www.
, ce qu'on appelle un sous-domaine. Nous avions raconté dans une précédente release que le nom de domaine du premier site web créé est home.cern.ch
; le sous-domaine est donc home
. Le nom de domaine cern.ch
n'avait pas à l'origine un serveur web accessible directement.
Comme en général, les sous-domaines portaient le nom du programme qui y répondait, et que le premier logiciel serveur web s'appelait WolrdWideWeb
alias www
, ben les administrateurs des organisations qui eurent les moyens d'avoir une ambassade sur le web ont pris l'habitude d'attribuer un sous-domaine www.
pour y mettre le service web.
Avoir un site web qui réponde sur le nom de domaine principal n'est venu que bien après.
[Suite : Standard : Le numéro de port d'un serveur]
Texte : Da Scritch
Corrections et nombreux conseils : Stéphane Bortzmeyer
Photo : PremiSys card access CC-By PremiSys photos