Extrait de l'émission CPU release Ex0223 : Crie si tu sais…VI.
Je vais vous raconter mon dernier entretien d'embauche en tant que manager d'équipe.
Tout commença par une question
[RH] — Pourquoi avez-vous décidé de faire ce job ?
[Candidat] — Depuis tout petit, j'ai une passion pour torturer les fourmis avec des labyrinthes sans fin et une loupe. Plus tard, à la colo, j'ai adoré recréer la scène du sergent recruteur dans Apocalypse Now.
[RH] — Mhhh… Parlez-moi de votre parcours dans le cycle supérieur.
[Candidat] — À la fac, j'ai transformé notre groupe de trash métal en service d'ordre pour l'accès au RU. Je me suis rendu compte avec le recul que les gens avaient vraiment besoin d'être guidés dans le bon sens pour éviter qu'ils ne fassent n'importe quoi. Par la suite, j'ai pris en main la pose des affiches électorales du Parti National en spécialisant les équipes entre les colleurs, les équipes de défense des colleurs et les équipes de défonce des colleurs concurrents.
[RH] — Mhhmhh. Et point de vue expérience professionnelle dans la gestion d'équipe ? Quelle a été votre meilleure réussite dans vos KPI ?
[Candidat] — Et depuis que j'ai repris le coin de deal de mon bloc, avec mes méthodes, j'ai fait exploser les KPI : on a augmenté notre rentabilité de 27 %, notamment en interdisant formellement l'autoconsommation de démonstration.
[RH] — C'est un métier qui met beaucoup de pression. J'imagine qu'un jour vous avez voulu tout plaquer. Si oui, pourquoi ?
[Candidat] — Non : Je suis persévérant. J'irai jusqu'au bout. Personne ne m'a fait craquer. Personne. Quand je vois un problème, je ne lâche pas, je ferais tout pour le résoudre. J'ai une grande passion pour ça. C'est pour ça que je suis entré en politique : je tiens à résoudre le problème du chômage de masse en m'attaquant à son principal facteur : l'immigration de masse non-choisie. Et j'ai décidé de la réduire.
[RH] — Que détestez-vous dans ce métier ?
[Candidat] — Qu'on discute mes ordres.
[RH] — Quelle est votre plus grande fierté ?
[Candidat] — Le tabassage d'une équipe adverse en politique. Ce fut une belle bataille, bien préparée, avec des armes par destination comme des battes de base-ball et des armes improvisées, comme des bouteilles de verre.
[RH] — Quel est votre plus grand regret ?
[Candidat] — Le manque de motivation de salariés pour venir faire des heures bénévoles en collage d'affiches.
[RH] — Qu'est-ce que vous faites pour favoriser l'entraide dans votre équipe ?
[Candidat] — J'ai mis au point ma méthode chez les scouts : Je prive de rata toute la troupe si y'en a qui sont en retard. Du coup, soit ils aident le retardataire, soit ils le zigouille. C'est bien.
[RH] — Racontez-moi une anecdote où vous avez fait preuve de courage managérial.
[Candidat] — J'ai dégonflé les pneus de Jeannine qui partait systématiquement à 17h30. J'en ai rien à faire de ses mioches.
[RH] — Si vous deviez recruter un manager, quel serait votre critère de sélection ?
[Candidat] — Les qualités d'un leader implacable avec une vision radicale.
[RH] — Depuis que vous êtes manager, avez-vous eu des peurs et comment vous vous les surpassez ?
[Candidat] — Les gauchos, les syndicats. Mais je fait monter des syndicats bien de droite bien français au sein de mes équipes.
[RH] — Avez-vous déjà pris des risques en tant que manager, et quelles ont été les conséquences ?
[Candidat] — Forcément, prendre les devants en allant tabas… en allant corriger les équipes adverses de collage d'affichage ou de tractage, c'est un risque d'être empêchés par des policiers qui prennent un peu trop la défense des gauchos.
Ai-je été pris ?
Hélas, non, ce poste de CTO chez Orpéa me passe sous le nez, moi qui comptait faire désormais carrière dans les maisons de retraite.
Je ne comprends pas, ils ne me rappellent jamais, les recruteurs ont des critères de plus en plus obscurs, cela devient vraiment très difficile d'être recruté.
Texte : Da Scritch
Lecture : Thibault
Illustration : banque interne