Extrait de l'émission CPU release Ex0223 : Crie si tu sais…VI.
Je suis DaScritch, et je vais vous parler de bestioles qui sont plus redoutées que les plaies d'Egypte, les tornades aux prénoms genrés et les spin-off de « Star Trek ».
Ce sont des animaux qui vivent en bande. Ils entrent dans les entreprises car ils ont été expressément invités par la direction informatique. Car, oui, il y a des directeurs informatiques réellement inconscients qui les font entrer en toute connaissance de cause.
Ces animaux furent humains dans une autre vie, avant un traumatisme qui aurait sûrement rendu fou Howard Philip Lovecraft. Car tous dans leur passé, furent des codeurs, des programmeurs, mais tels des iconoclastes assoiffés d'abbayes à brûler, tels des termites avides d'armoires normandes, leur nature a été pervertie au-delà de l'imaginable, dans une folie indescriptible.
Au lieu de construire, ils veulent tout détruire.
Et leur religion impie professent que de la destruction ne resteront que les constructions les plus solides.
Ils sont là, ils ne respectent rien, ils sont passés de l'autre côté de la ligne, ils font partie d'une secte redoutable, ils sont encore plus affreux que les invasions barbares qui ont détruit Rome ou les fans de heavy métal qui ont détruit les subtiles harmonies du blues…
Ils ont tellement perdu d'humanité que ces codeurs ont régressé au stade primitif, primal, primates… celui des singes.
Ils sont les Singes du Chaos
L'histoire veut que cette malédiction eut pour origine Netflix. Oui oui, cette horde de destruction est issue du célébrissime service de streaming vidéo. Mais attention, pas à cause des films et séries que proposent Netflix, noooooon non non non non non,… de leur service infrastructure informatique.
Oui, ce sont les devops qui ont institué un service qui devint une malédiction, un cauchemar permanent. Leurs collègues arrivent au bureau la boule au ventre jusqu'à ce qu'ils cèdent à leur folie destructrice.
Comme si les développeurs ne s'arrachaient pas déjà les cheveux pour comprendre pourquoi Marie Kondo apparait dans les suggestions de films d'action.
Les Singes du Chaos n'hésitent pas dans la destruction : couper le courant de l'onduleur ? Oh mais oui. Oublier de renouveler un nom de domaine ? C'était pas un oubli. Rendre inopérantes les badgeuses et empêcher le cinquième étage de sortir ? Peut être que les dialoguistes de « The Night Agent » prendront le temps de relire les répliques. Tourner une saison de « la Casa del Papel » sans scénario ? eh ? Qui a dit qu'il y en avait un ? Faire planter l'API bancaire ? rien n'est sacré pour eux.
C'est un peu comme si l'équipe de développement se retrouvait à jouer dans un épisode de « The Goes Wrong Show », mais sans les rires du public.
[Hors champ] — C'est sur Amazon Prime
[Narrateur] — Plus maintenant…
On voit les Singes du Chaos venir de loin, à leur rire sardonique, au regard mauvais en coin, à leurs mains baladeuses. Leur nervosité se nourrit des perspectives de mauvais coups.
Une planche n'est jamais assez savonnée à leurs yeux. Rien ne les fait plus marrer qu'un accident du travail au ralenti. Ils sont pires qu'une Red Team qui va tenter d'exfiltrer des données : ils DROP des TABLE sans ménagement !
Des fois, on croit revoir une lueur d'humanité dans un Singe du Chaos. On se dit qu'il peut reprendre forme humaine, il a à nouveau un discours cohérent et construit en te disant
En appliquant la théorie de Schumpeter, je suis en phase consolidée du processus de destruction créatrice.
Et il repart, les yeux injectés de sang dans un hurlement à vous glacer le sang, débranchant méthodiquement chaque VM d'une application métier jusqu'à ce qu'une autre plante.
C'est pas comme un CFO cost-killer qui sabre des serveurs en trop tant que le business ne tombe pas, non, eux, ils cassent chaque service méthodiquement pour voir quels autres micro-serveurs vont tomber avant un autre.
Et ces singes-là auraient été codeurs avant ça. Certains même étaient des DevOps. Certains se souviennent de leur précédente vie et la singent… au point d'avoir créé des programmes atteints de leur même folie, qu'on appelle eux aussi des Chaos Monkeys. Car dans leur folie non-lucide, ils ne sont plus capables de distinguer qu'ils étaient humains et non des machines ; ils détruisent d'autres programmes, d'autres Kubernetes, d'autres VM complètement au hasard dans l'infrastructure…
Et malgré tout cela, Netflix fonctionne. Netflix tourne malgré cette guerre interne contre le chaos, et au grand désespoir du Shift Project et de l'ADEME, Netflix délivre inlassablement à des millions d'écrans assoiffés de distraction un immense catalogue vidéo, tout en n'oubliant pas de ponctionner des millions de comptes bancaires sans coup-férir.
On n'en n'imagine pas cet enfer, à moins de regarder « Attack of the Titans », et encore… !
Mais le pire dans cette histoire est quand, dans une très grande entreprise, le grand patron lui-même est un singe du chaos. Et ça, Twitter n'a appris que trop tard qu'Elon Musk est L'Ultime Singe du Chaos.
[Voix grave] Celui qui détruira la planète avec ses voitures autonomes bardées de lance-flammes guidés par sa flotte de satellites et ses petits enfants clones de lui-même !
[De loin, Eugène Lawn] — Eh ! Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous aussi vous venez pour squatter et casser des trucs ?
[Narrateur] — NOOOOOOn ! NOOOOOON! Pas Eugène Lawn ! Tous aux abris ! [Bruits d'une cavalcade générale]
[Eugène Lawn] — Eh, j'ai une idée : je vais pisser sur l'armoire électrique !
[Bruit de pisse, toujours dans le chaos de la fuite, bruits électriques, disjoncteur qui déclenche]
Ah ça fait plaisir ! J'ai pas perdu la main pour répandre un peu de saine anarchie sur cette antenne. Du bordel créatif tout en tirant les couettes de la réalisatrice. [Cri de douleur de la réalisatrice]
[Narrateur de l'histoire]
Personne ne vous avait prévenu qu'à Radio <FMR>, Eugène Lawn est notre Singe du Chaos !
[Eugène Lawn] — Ouais et heureusement que je suis revenu : c'est trop bien rangé. là, c'est suspect ! On se croirait à Campus FM…
[Le générique de fin de cette émission est perturbée par différents incidents, jusqu'à l'arrivée de l'ambulance psychiatrique]
Texte : Da Scritch
Voix complémentaires : Thibault et Touff
Et la participation exceptionnellement inappropriée d'Eugène Lawn
Illustrations sonores : Signature sonore Netflix pour la série Wednesday, D.R. ; toilette peeing standing man, CC-By Hinzebeat ; Banque Radio France Audivis Tempo (non crédité) — Sirène de police arrivée fourgon 2 tons ; SDP - Following the leader (compilation Disney Age @ D_100 Café)
Photo : Evil monkey from the movie about the evil monkey that eats people, CC-by Jaycee Scragz