Extrait de l'émission CPU release Ex0148 : Crie si tu sais… IV.
Note : ce portrait est volontairement humoristique et exagéré.
Je vais vous raconter l'histoire d'un touche à tout génial, d'un chef d'entreprise visionnaire à la Steve Jobs, d'un trans-humaniste déclaré aux moyens indécents ou plus simplement, idéaliste retors comme Hugo Drax, le méchant dans « Moonraker », en un poil plus décontracté du costume mais probablement aussi névrosé.
Il a profondément marqué les paiements en ligne, le secteur automobile et celui de l'aérospatiale, ce qui devrait le rendre encore plus inquiétant.
Elon Musk est Le Gourou
Né en Afrique Du Sud en 1971, il entre à la fac de Pretoria à l'âge de 17 ans, avant d'emménager chez sa mère au Canada alors que l'apartheid s'effondre. Il obtiendra une licence de physique et une d'économie à l'université de Pennsylvanie, puis emménage dans la Silicon Valley en 1995 pour l'université de Stanford qu'il abandonne immédiatement pour monter avec un associé une entreprise web, Global Link, proposant l'équivalent des pages jaunes par localisation géographique.
Les moyens sont dérisoires avec un seul PC pour bosser : serveur web le jour, machine de dev la nuit. Inutile de dire qu'Elon dort peu. Mais ça paie et la boite est revendue 4 ans plus tard à Compaq pour 307 millions $.
Elon Musk monte alors l'une des premières banques en ligne, profitant d'un nom de domaine d'une simplicité idéale : X.com
(qu'il rachètera 20 ans plus tard). Il obtient même la confiance de l'agence de garantie des dépôts bancaires. X.com
fusionnera avec son principal concurrent Confinity en 2000, laquelle avait conçu un système de transfert d'argent simplissime, qui deviendra PayPal, et le nom de l'entreprise. Principal actionnaire, Elon Musk en est le CEO et décide de se concentrer sur l'activité de porte-monnaie virtuel, avant que Peter Thiel ne le remplace à ce poste. Tiens, un autre super-vilain…
À peine Paypal entrée en bourse qu'eBay la rachète pour 1.5 milliards $.
Le compte en banque d'Elon Musk tutoie le ciel, mais le ciel n'est pas assez !
En 2003, il entre ainsi dans le capital de Tesla Motors, boite montée par Martin Eberhard et Marc Tarpenning ; Musk évicèrera pardon, évincera les fondateurs en 2008, profitant que les autres actionnaires ne pouvaient suivre à cause de la crise financière. Cette même année, il livre les premières voitures.
Son master plan est alors :
Construire des voitures de sport. Utiliser les bénéfices pour construire des voitures plus accessibles. Utiliser les bénéfices pour construire des voitures encore moins chères. Et pendant ce temps, fournir des options de production électrique sans émission carbonée.
Des voitures bourrées de batteries Lithium-Ion, ce qui en fait potentiellement des bombes. Et avec une puissance de calcul monstrueuse, ce qui permet à l'entreprise de concevoir une option de pilotage auto à partir de 2015.
Et ces voitures sont fortement connectés avec le constructeur : Agacé par l'affirmation d'un journaliste sur un test Tesla qui se serait mal passé, Elon Musk fait récupérer en remote les données de la voiture qui ne lui appartiennent pas, et les publie pour contrer le journaliste. Ben quoi, quelle vie privée
?
Et l'homme d'affaire a lancé une autre business venture, HyperLoop, dans l'idée de construire des trains très rapides circulant en atmosphère raréfié. Les tunnels seraient construits par sa société The Boring Company, laquelle construit aussi des lance-flamme civils.
Mais Elon Musk a des ambitions moins… terre à terre :
En 2001, il part pour Moscou avec quelques amis dans l'idée d'acheter des lanceurs de missiles intercontinentaux d'occasions, jamais utilisés. Il a alors l'idée d'envoyer Mars Oasis, une serre automatisée sur la planète rouge pour accueillir le débarquement d'humains avec des réserves d'oxygène et de nourriture.
Il en vient vite à l'idée de faire chuter le prix de mise en orbite avec des lanceurs réutilisables. Il entraîna des centaines d'ingénieurs dans ce pari fou de faire revenir en toute autonomie le premier étage de lanceurs de satellites.
Quand ses fusées firent un lancement, revinrent se poser toutes droites avec moins d'un mètre d'erreur sur une plateforme en pleine mer, puis furent re-remplies et relancées avec succès, tout le monde applaudissait à tout rompre.
Les fous. S'ils savaient…
SpaceX a des contrats de la NASA, et de l'Armée Américaine : il peut livrer des armes en n'importe quel point du Globe en moins d'une heure.
Vladimir Poutine s'intéresse fortement à Elon Musk : Il a envoyé un navire espion observer
les tirs SpaceX. Récemment, des espions russes ont voulu soudoyer un ingénieur système de Tesla pour qu'il installe un cheval de Troie dans le réseau de l'entreprise. L'ingénieur les a dénoncé. Lui, il ne voulait pas se retrouver coincé sous une fusée au lancement…
Si même le Kremlin s'inquiète d'Elon Musk au point d'y envoyer leur agent Melania Trump, c'est qu'il doivent avoir des preuves.
Pendant ce temps, pour fêter la première charge presque utile
lancée par SpaceX, Elon Musk a envoyé en direction de Mars sa propre Tesla. Comme ça, juste pour le fun.
Aux dernières nouvelles, le véhicule est à moins de 8 millions km derrière la planète rouge, une distance qui l'exclu de toute garanti constructeur.
Et tant qu'on y est, SpaceX a lancé StarLink, une flottille de satellites en orbite basse pour devenir opérateur mobile à l'échelle mondiale, sans zones blanches ni censure locale. Avec l'inconvénient que ces satellites gênent considérablement le travail des astronomes, car lancé par grappes, ils gâchent littéralement le paysage nocturne, mais ça, tant pis, c'est pas grave pour Elon Musk : il va sûrement lancer des télescopes en orbite qu'il louera à la minute.
Il a d'autres projets tout aussi… inquiétants : Neuralink pour intégrer dans un cerveau humain une puce afin de faire une interface avec les ordinateurs. Et j'en passe… tous ces projets doivent bien avoir une finalité dans le puzzle de ses idées.
Mais tous ces projets sur lesquels il aime avoir la main haute a un coût... physique.
Habitué des crushes, ces périodes de développement non-stop dans les derniers mois sans prendre un seul jour de congé pour finir un logiciel à temps, la pression qu'il met sur la Tesla 3 manque de conduire au burn-out toutes ses équipes.
Et à force de travailler 120 heures par semaine, il peut craquer nerveusement. Le 8 août 2018, une période tellement calme que même les algo de trading prennent une pause clope, alors que Musk s'emmerdait dans un aéroport, il tweete qu'il compte retirer Tesla de la bourse ; l'info surprise fait immédiatement dévisser le titre alors que l'entreprise a du mal à tenir ses promesses sur la Tesla 3. Il s'en expliquera 10 jours plus tard dans une interview au New York Times, mais sa confession n'avait rien de rassurant.
En novembre 2019, lors de la keynote de son tank délimitarisé électrique euh pardon du pick-up Cybertruck, son designer a voulu montrer que les vitres blindées sont à l'épreuve de toute émeute en lançant une boule de pétanque sur la vitre avant. Qui éclate. Re-tentative sur une vitre arrière qui s'étoile aussi.
Elon Musk le prend publiquement à la rigolade, le site de Tesla propose un t-shirt commémoratif.
Cool ou… faussement cool pendant qu'il essaie son lance-boule-de-pétanque électromagnétique sur un sous-traitant ?
Elon Musk va-t-il craquer ? Son mental ne va-t-il pas exploser en plein vol ?
Imaginez la puissance qu'Elon Musk a à sa disposition :
- Il a eu le contrôle sur tout un système de paiement,
- Il a installé la moitié des panneaux solaires aux États-Unis,
- Il a une flotte de voitures, blindés civils et camions électriques autonomes aux 4 coins du monde qu'il contrôle même si elles ne lui appartiennent plus,
- Il construit des lances-flammes banalisés,
- Il a des lanceurs spatiaux réutilisables,
- Il livre des armes partout dans le monde pour le Pentagone,
- Il a une compagnie de téléphonie mobile satellite incensurable,
- Il a une star de la pop, Grimes, comme petite amie,
- Il ne peut dormir que sous tranquillisants,
- Et il a sûrement l'ambition d'éditer le génome de l'Humanité.
Elon Musk a tout d'un méchant de James Bond avec « Atom Bom » de F.L.U.K.E. en bande son. Peut-être faudrait-il prendre peur s'il met en action un plan à la Hugo Drax.
Ou pire : qu'il sorte une nouvelle chanson.
Texte : Da Scritch.
Photo : CC BY-NC James Duncan Davidson via Numerama, détail