Extrait de CPU release Ex0016 : Frugalité électrique.
Vouloir économiser l'énergie est une bonne intention, mais est-ce que nous nous y prenons correctement ?
Mesurons nous correctement notre consommation totale d'énergie et ce nous appelons économies en sont-elle vraiment ?
C'est pour répondre à ces question qu'a été développé le principe de l'énergie grise.
Il s'agit prendre en compte l'énergie consommée sur tout le cycle de vie d'un produit.
Cela commence par sa conception, l'extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication, les différents transports nécessaire et enfin l'énergie dépensée dans sa
commercialisation.
Il faudra ensuite compter l'entretien du produit et enfin sa mise au rebut et sa destruction, un produit n'étant jamais recyclage à 100 %.
Prenons l'exemple d'une voiture. Il vous faudra du métal comme matière première, transformer ce métal, livrer la voiture en Europe de l'Ouest depuis l'Asie, l'amener au garage tous les 3 mois et enfin la mettre à la casse.
Tout ceci n'est pas neutre énergiquement, et si il vous prenait l'envie de changer votre vieux tacot polluant par une voiture hybride neuve, réfléchissez à l’énergie nécessaire pour fabriquer votre nouvelle voiture et faire disparaître l'ancienne, et vous verrez que ce changement ne sera probablement pas une économie d'énergie.
Et l'on pourrait prendre un tas d'exemple, comme le smartphones qu'il faut changer tous les 2 ans.
En parlant de smartphones… Vous utilisez certainement un chargeur USB qui n'est rien d'autre qu'un transformateur 230 volts alternatif vers du 5 volts continu. Et ce transformateur en restant branché 24 heures sur 24 consomme de l'énergie inutilement. Ainsi en débranchant votre chargeur quand il n'est pas utile, ou en éteignant la multiprise, vous pouvez économiser de l'énergie électrique.
La dématérialisation des factures et autres courriers, nous est régulièrement présenté comme une économie d'énergie. Cela peut sembler évident mais doit être relativisé au regard de la consommation des différents datacenters à travers l'Europe nécessaire à cette dématérialisation.
Par contre, si l'on vous demande d'effacer vos e-mails pour économiser de l'énergie, n'en croyez rien, cela n'est absolument pas prouvé, et j'aurais tendance à penser le contraire.
En effet, si le stockage d'un e-mail consomme de l'électricité, c'est une situation passive qui va entrer dans la consommation globale, contrairement à l'effacement qui lui est une action, et qui donc va mobiliser les systèmes pour effacer spécifiquement le message devenu inutile.
Si l'on cherche l'origine de ce discours, elle est simple à trouver. Le milieu de la publicité et de la communication cherche à transposer à l'informatique les messages simples qu'elle utilise pour le greenwashing. Hors si l'on peut conseiller sans trop se tromper, de ne pas imprimer d'e-mail inutilement, il devient beaucoup plus douteux de conseiller d'effacer des e-mails inutiles à des fins d'économie d'énergie.
Étant donné les système entrant en jeu (des virtualiseurs, des conteneurs, des machines virtuelles) l'impact d'un e-mail effacé ou non est trop négligeable pour être mesuré sérieusement.
Tout cela nous amène fatalement aux objets connectés, énergivores par nature car nous bourrons d'électronique des objets qui n'en contenaient pas avant. Et de cela découle la nécessité de fabriquer des cartes-mères et des batteries pour ces objets, avec non seulement la réflexion nécessaire sur le cycle de vie de ces appareils, mais surtout de l'utilité à les voir connectés.
Si leur usage en domotique peut permettre des économies d'énergies en masse, comme par exemple le contrôle des radiateurs ou de la lumière, l'utilité d'une théière ou d'une brosse à dent connectées sont déjà plus discutables.
Au final, une réelle frugalité énergétique commence comme souvent par une économie de moyens.
En choisissant de ne pas changer de smartphone pour le dernier à la mode, de réparer plutôt que de remplacer, ou encore de préférer acheter d'occasion plutôt que neuve, les économies en terme d'énergie grise seront énormes.
Auteur : Solarus
Illustration graphique : « Electric batteries » CC John Seb Barber