Extrait de CPU release Ex0037 : Automobile autonome.
Les pionniers de l'automobile eurent le panorama, la position du soleil, la boussole, la mousse sur les arbres, l'autochtone et le doigt mouillé pour aller chez la tata du Quercy. Puis en 1910, Michelin publia les cartes routières en accordéon et installa les panneaux indicateurs et les bornes kilométriques sur le bord des routes. Et pendant un siècle, on n'avait pas trouvé mieux pour rallier un point distant.
C'est en 1985 que fut mis en vente le premier compas électronique de voiture, l'Etak. Un système tellement d'avant-garde qu'il resta seul sur ce marché pendant 2 ans. Faire entrer un vrai écran d'ordinateur dans la voiture de chacun était de la science fiction, à une époque où K2000 passait à la TV.
Ce kit (KITT
était le nom de l'ordi dans la série « K2000 ») électronique était composé d'un ordinateur, d'un écran vectoriel avec des touches sur le côté, d'un lecteur à cassettes et de différents capteurs à installer dans le véhicule. Comme le système par exemple devait connaître la vitesse du véhicule et l'angle de braquage, l'installation de ses capteurs n'était pas triviale.
Le système Etak n'avait pas beaucoup d'outils pour repérer la position du véhicule.
Parce qu'à l'époque, la flotte satellite du GPS n'était pas encore opérationnelle. Il faudra attendre 1995 pour que Bill Clinton oblige les militaires à en autoriser un usage civil. Etak reposait donc sur une analyse statistique des virages et distances parcourues pour retrouver la position du véhicule sur la carte. L'algorithme se montrait redoutable, et il est même toujours utilisé sur certains systèmes de guidages de voiture, le GPS pouvant se montrer moins précis que lui.
Autre intelligence du système : son support de données sur cassette audio, un support très utilisé à l'époque dans l'informatique familiale. L'accès peut sembler lent, mais il permettait de stocker 3,5 Mo de données à un prix imbitable euh imbattable. Un volume extraordinaire pour l'époque… mais il fallait 6 cassettes pour couvrir la région de San-Francisco, qu'on doit pouvoir changer sur la route. Le système lancé commercialement en Californie, il fallait que les données puissent fonctionner, même si l'intérieur du véhicule dépasse les 50 °C. Les concepteurs avaient donc testé plusieurs marques de cassettes audio en les laissant à l'arrière d'un pare-brise en plein cagnât.
Et ces cassettes contenaient des données cartographiques, entièrement saisies par la société. Au-delà du tracé des routes et les noms des lieux, il proposait aussi une liste de commerces allant jusqu'au type de restaurant. Une équipe de spécialistes fut en charge de numériser l'ensemble des cartes routières des pays occidentaux. Ce service de saisie et les données cartographiques, firent la réelle valeur de l'entreprise Etak, laquelle fut racheté successivement par Robert Murdoch (en 1989), puis par Sony (en 1995) et enfin par Tom Tom. Les algorithmes et les données furent fut par la suite repris sous licence par Nokia pour son fabuleux Nokia Maps, et l'application Apple Maps. Heureusement qu'ils étaient déjà passé à un autre support que la cassette audio…
Auteur : DaScritch
Photo : Intérieur d'une des voitures utilisées dans la série originelle « K2000 », présentée au salon de l'auto de Toronto 2011, CC Tabercil