Extrait de CPU release Ex0058 : Free mobile, coucou networks.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi pour qui la connexion avec fil est devenue totalement désuète.
Quand le téléphone mobile est arrivé, il était cher.
Déjà, le téléphone fixe n'était vraiment pas donné quand, de ta province, tu souhaitais appeler la Région Parisienne. Et ne parlons pas des tarifs de nuit que tu attendais fort tardivement, histoire qu'internet ne te ruine pas à tenter de charger un e-mail. Commencer à faire chauffer le modem après minuit 30 car tu avais 65 % de réduction sur le tarif normal, ben... c'était pas rien.
Alors évidemment, quand le téléphone cellulaire devint grand-public
, l'opérateur historique et les deux opérateurs privés ne se privèrent pas d'en faire une vache à lait hyper-rentable !
Et pour cela, ils utilisèrent plusieurs astuces.
La première d'entre-elles était le contrat d'abonnement longue durée. Effectivement, il n'était possible que de prendre des abonnements de 12 ou 24 mois.
La deuxième astuce était la reconduction tacite. Ou plus exactement, que la période où il était possible de résilier son contrat était très courte, et était indiquée en tous petits caractères sur le contrat.
La troisième astuce était la location-vente du téléphone. Le terminal n'était achetable qu'en boutiques d'opérateurs mobiles, lesquels le vendait par mensualité. Mais le client n'avait pas la totale propriété du téléphone, car celui-ci était sciemment bloqué pour n'être utilisable que sur un seul opérateur mobile, celui qui vous l'a vendu, forcément. Ce qui n'incitait pas à changer d'opérateur mobile.
Ces trois astuces de base ont permis à ces 3 opérateurs de maintenir des prix importants pour leurs forfaits, d'engranger de plantureux bénéfices, tout en construisant chacun de leur côté un réseau mobile, avouons-le, performant et coûteux.
Je me souviens aussi du temps où on avait besoin de matérialiser physiquement une option immatérielle. Je t'explique : en 1998, pour mon abonnement chez Bouygues Télécom, j'avais pris l'option présentation du numéro appelant. Oui, parce qu'à l'époque, cette fonction était payante, comme la possibilité d'avoir une boîte vocale !
Eh bien, crois-le ou pas, il fallait que j'aille acheter une boite en carton dans un magasin franchisé par l'opérateur, que je remplisse un contrat dedans, document que je renvoie à l'opérateur. Et franchement, vu le volume de la boite, on s'attendait à autre chose qu'à trois feuilles de papier...
Je me demande comment des commerciaux ont pu avoir cette idée saugrenue de transformer une option, dont l'ouverture aurait pu se faire par un simple coup de fil, au point qu'elle soit une boite en carton et un traitement papier.
Enfant du Futur immédiat, je dois t'avouer... J'ai moi aussi, entre autres crimes contre l'Humanité, participé à cette grande orgie sur les services de téléphonie mobile. Ainsi en 2004, pour deux des trois opérateurs du marché, j'ai conçu un ensemble de tonalités d'attentes aussi dites Ringback tones
. Oui, il était devenu possible de remplacer le tuuuuuut tuuuuuut
pendant que le téléphone de votre correspondant sonne, par quelque chose comme :
Tuuuuuut
— Mais c'est quoi, ce truc, Gisèle ?
— C'est une attente gratuite, le temps que votre correspondant décroche
Tuuuuuut
— Mais c'est nul ! remettez-moi levieuxbip !
Tuuuuuut
(imitation des Vamps interprétée par Daniel Herzog)
Enfant du Futur Immédiat, il faut te souvenir qu'en 2012 le marché de la téléphonie mobile en France était partagé entre 3 concurrents, qui se targuaient d'un chiffre d'affaire extrêmement confortable. Si tu voulais de l'internet dans ton téléphone, il t'en coutait 100 € par mois de forfait, sans possibilité de t'en servir comme modem.
Et puis fut attribuée une 4ème concession de téléphonie mobile.
Et donc est arrivé Free Mobile...
Et ces temps de vaches grasses furent révolues.
[Le texte complet est disponible sur le site de son auteur]
Auteurs : DaScritch
Illustration : Carte SIM Free Mobile, extraite de l'EPK de l'opérateur. D.R.