Extrait de l'émission CPU release Ex0117 : À la source du son.
Nos oreilles écoutent pour nos corps, les micros écoutent pour notre électronique.
Les micros ne sont pas totalement neutres. ils ont une certaine bande passante, la gamme de fréquence qu'ils peuvent capter, mais la sensibilité n'est pas uniforme. Ils peuvent capter plus ou moins bien les sons ténus, les sons forts et les sons moyens dans un environnement...
Ce que l'on appelle génériquement un micro de chant
peut varier du tout au rien selon qu'il servira pour les mélopées chuchotées ou un concert live de grind-core.
Dans les années 1920s, les radios avaient des speakers
avec une voix très radiolo
à cause à la fois de la bande passante et de la dynamique très réduites de tels micros, de toutes façons limitées par les équipements radio de l'époque.
Si les voix féminines très fines ont fait le succès des stations comme FIP dans les années 1970s, c'est grâce à la qualité de la FM mais surtout de micros ayant une sensibilité beaucoup plus proches de l'oreille humaine.
Un micro aime qu'on lui parle clairement et de près. Mais pas trop qu'on le touche.
Notre ami Thomas Gasc, qui produit notamment les émissions youtube Ça Fait Écho, mais aussi des captations pour Sud Web, a ainsi découvert que les micro de scène serre-tête qui sont à côté de la bouche comme ceux de Madonna, ça coûte cher, et c'est l'enfer si on le met sur quelqu'un qui a une barbe ou de grosses boucles d'oreilles.
Sur mes interviewes, quand je tiens le micro à la main, on entend parfois quand le câble est touché. Et ça m'énerve.
Sachez que certaines radios ont une signature très particulière par exemple à cause du micro qu'ils utilisent pour toutes leurs émissions. La radio publique américaine NPR a un son très connu dû à l'usage du Neumann U87 dans ses studios. Comptez 2 600 € le micro. Ça calme. Non, on ne part pas en reportage avec.
D'ailleurs, pour les reportages, on voit parfois des micros en bakélite rectangulaires gris et crème, des LEM reconnaissable à leur look vintage, et pour cause : il était utilisé entres autres par Léon Zitrone. Leur son a bien moins de pêche, mais il est plus pratique en cas de fort bruit ambiant… et il tient nettement plus les chocs, par exemple pour les charges de CRS. Il a été le micro favori durant Mai 68.
Bon, honnêtement, le LEM est bien moins sensible mais il est idéal pour capter de la voix en reportage.
J'ai une préférence personnelle pour des Shure SM48 ou des Sennheiser evolution e921, ils sont bien plus dans nos moyens, font le job, sont très facilement transportables et installables pour les émissions enregistrés en extérieur. Faut pas trop toucher le câble ou donner un coup contre le support, par contre.
Je met des bonnettes dessus même s'il ont une toute petite mousse juste sous leur grille car cela évite les bruits de vents et atténue les syllabes pétantes. Et aussi pour des raisons d'hygiène : je crache tellement que mon twitter est un appeau à trolls. Les micros des plateaux de Radio <FMR> ont des bonnettes surtout pour éviter qu'ils soient pleins de bière et de fumée de clopes quand les programmes avec invités prennent la suite d'une nuit de punk hard-step. Faut juste penser à laver les bonnettes régulièrement avant qu'ils puent la bave.
Texte : DaScritch
Voix complémentaire : Élise Rigot
Son complémentaire : Noisear - Rendered Obsolete
Photo : Press conference 3 CC-By Medill DC, détail