Extrait de l'émission CPU release Ex0226 : L'adresse était trop longue.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui aimerais bien partager cette formidable page web à tes followers sur les réseaux sociaux, c'est-à-dire tes autres camarades qui bullent au fond de la classe.
Dans deux précédentes émissions de cette série sur l'adressage du web (releases CPU Ex0203, Ex0213 et Ex0214), j'ai tenté une explication de chaque élément constitutif d'une URL, l'Uniform Resource Locator. C'est fou, je crois avoir réussi à l'expliquer… dans une émission de radio.
Donc, nous l'avons vu, l'URL est cette chaîne de caractère qui est en haut de la plupart des navigateurs ou parfois en bas, et qui permet de retrouver un élément, un document, une ressource sur le vaste internet, en sachant à quel serveur parler, en quelle langue, dans quel recoin se cache le document, s'il faut ajouter des précisions et si éventuellement on veut qu'une partie très précise de ce document.
Ça fait plein d'éléments accessoires, implicites dans une URL, et on peut avoir une URL très concise, par exemple, la référence de cette émission : https://cpu.pm/0226, tout comme je peux avoir une référence extrêmement prolixe, et absolument indictable à la radio.
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et non, je ne donnerai pas d'exemple là maintenant.
Pourtant, depuis le lancement de cette émission en 2015, nous accompagnons systématiquement chacune de nos releases d'une page de description et des pages pour chaque chronique avec leur texte intégral.
Mais comment arriver à transmettre oralement à la radio une adresse de page web, par exemple pour les personnes ayant un handicap de vue ? Surtout qu'on va changer d'URL à chaque émission ? Ben oui, puisque chaque émission de CPU a la sienne.
Et qu'en plus, la réelle adresse du site web de notre émission n'est pas https://cpu.pm mais un sous-domaine d'un autre nom de domaine. Parce qu'on n'a commencé à louer notre nom de domaine cpu.pm que deux mois après avoir lancé l'émission, pour écrire une émission sur les noms de domaines !
Il y a aussi le problème de la transmission du support papier vers un navigateur web : Comment recopier facilement une URL qu'on lit sur un mur vers son ordinateur portable ?
Un problème quasi-similaire avait déjà été presque résolu dans les années 1990s : la programmation des enregistrements sur les magnétoscopes. Oui : les magnétoscopes…
À l'époque, t'avais que 6 chaînes de télévision, 7 à Toulouse, parce qu'on payait assez cher l'eau du robinet pour avoir une chaîne de télé locale. Et comme à l'époque, on n'avait aucun service de replay et que les rediffusions étaient encore rares, si tu ne voulais absolument pas louper la diffusion de la version longue du « Fanny och Alexander » de Ingmar Bergman, l'équivalent des frères Dardennes à l'époque, film qui a le malheur de passer en même temps que le redoutable crunch entre le Stade Toulousain et celui de La Rochelle, ben t'avais que trois choix :
- espérer que la VHS du film soit en location au Vidéochic du coin, et
Be kind, rewind
… (VidéoChic était un magasin de location de VHS, concept compliqué à expliquer dans cette chronique) - que le film repasse en salle à l'ABC ou à Utopia (deux salles de cinéma Art & Essai à Toulouse, concept compliqué à expliquer dans cette chronique), mais n'y sera projeté que la version cinéma qui ne dure que 3 heures ou…
- que toi ou un camarade l'enregistre lors de sa diffusion sur la chaîne qu'on ne regarde que pour se donner un air intelligent. [Jingle vocal de La Sept]
Ça nous change des références à Nolife, tout en étant aussi élitiste et cryptique
Sauf que programmer un magnétoscope révélait le rapport à la technologie du grand public, ou plutôt de comment étaient conçus les appareils sophistiqués qui allaient être vendus dans les grands magasins : les études UX étaient franchement confidentielles. D'ailleurs le terme user experience
n'apparait officiellement qu'en 1995. Qui a été confronté à un magnétoscope de l'époque sait combien on pouvait galérer à bien programmer un enregistrement. Faut dire qu'il y avait un concours entre fabricants pour mettre des boutons partout et ajouter un max de fonctions, sans forcément se poser la question si ces fonctions seront potentiellement utilisées ; pas grave tant que leurs appareils se font acheter par des clients trop heureux d'avoir un bout de vaisseau spatial dans leur salon.
Oui. J'en étais. (on rigole pas derrière)
Or, le constructeur électronique britannique Amstrad, qu'on a surtout connu dans les années 1980s pour leurs micros 8 bits de la gamme CPC, Amstrad donc avait imaginé pour leurs magnétoscopes un gadget intéressant : un lecteur de codes barres. Oui, de codes barres.
En gros, leur magnétoscope VCR6100 avait une télécommande bien plus grosse. Et si votre magazine télé favori ajoutait des codes barres spécifiques à côté de la description des émissions, il suffisait de scanner ce code-barre de l'émission qu'on souhaite enregistrer avec sa brique télécommande pour que les valeurs soient pré-remplies dans le formulaire à l'écran du magnétoscope.
Ça n'a pas tant pris que ça, surtout que le système breveté n'était limité qu'à un seul fabricant.
Mais l'idée était louable et peut-être te rappelle-t-elle quelque chose : le mobile tagging du QR-code. Ben oui.
Mais ça, on en a déjà parlé dans une autre émission sur pourquoi et comment en voulant faire entrer des données techniques par un public généraliste, une solution de logistique industrielle est devenu un outil de publicité tellement pratique qu'il en est devenu un objet pop. Et cette donnée était justement… une URL.
Enfant du Futur Immédiat, tu vas découvrir que l'URL n'était pas prévue exclusivement pour les ordinateurs, mais aussi pour être partagée entre humains dans le monde physique, dans l'Univers primordial et offline.
Textes : Da Scritch
Illustration sonore : Jingle vocal pour La Sept par Sylvie Caspar
Illustration : générée par IA pour l'émission Ex0193.