Extrait de l'émission CPU release Ex0117 : À la source du son.
À partir des années 1950s, les studios de prise de son vont passer d'un enregistrement d'un orchestre avec un unique microphone au multi-piste. Et c'est après-guerre que la stéréo va enfin se développer commercialement.
En 1955, la société Ampex, connue pour produire des magnétophones de haute-qualité et le premier magnétoscope professionnel, construit le premier magnétophone multipistes. 8 canaux audio indépendants. Une révolution : Il devenait possible de lire la bande tout en ré-enregistrant une piste afin de parfaire la musique. Mais aussi de refaire le mix sans avoir les musiciens en cabine.
Le premier client pour cet engin multipiste fut le guitariste Les Paul, qui fit construire par un copain une table de mixage 8 pistes qui lui permit d'ajouter des effets. Les Paul fut d'ailleurs un des pionniers du micro de chant à moins de 15 cm de la bouche, le close miking qui donne un son plus intime et avec moins de bruits parasites et de réverbération, donc plus propre.
Du multi-piste vers un enregistrement stéréo, il n'y a qu'un bouton rotatif sur la table de mixage : chaque piste a un réglage dit pan
qui permet de le placer dans le mixage final soit à gauche soit à droite.
À peine le son stéréo commence à s'ancrer au cinéma à la fin des années 1950 que des grands studios essaient déjà différentes disposition de hauts-parleurs dans la salle pour un son plus immersif : La restitution va passer de la stéréo au Surround 5.1 : 5 canaux sons (un derrière l'écran, un de chaque côté de l'écran, et deux à l'arrière de la salle) plus un canal pour les basses.
Par la joie de cette deuxième dimension, on peut entendre venir un méchant derrière sa tête, ou faire siffler une flèche de l'arc à l'écran à loin au fond de la salle.
Et les formats Surround se multiplièrent : THX, DTS et SDDS tentèrent de faire concurrence à Dolby, et chacun joua la surenchère en démultipliant les canaux, proposant du 7.1, puis du 9.1. Actuellement la télé superHD de la NHK fait joujou avec le format Hamasaki 22.2. Yep. 24 haut-parleurs à disséminer devant votre télé. Vous avez un grand salon, j'espère ?
La situation risque de devenir impossible pour installer autant de hauts-parleurs (surtout dans un appart tokyoïte). L'idée est alors venue d'avoir des pistes sons qui n'impose plus la position des enceintes, mais des canaux de sources indépendantes. Et qu'on ajoute en métadonnées la position spatiale d'où ce son est censé venir, le pan
de la table de mixage. En clair, que le mixage soit adapté à la géométrie de la salle, le son rendu recalculé par l'amplificateur qui connait la géométrie de la pièce et la position des hauts-parleurs. C'est le système Dolby Atmos, et son concurrent DTS X, qui considèrent non pas une piste mixée mais des samples audio traités en objets à mixer vers la constellation de hauts-parleurs installés un peu comme vous avez pu : entre le ficus, l'interphone et derrière le frigo.
Avec le Dolby Atmos, on a une idée de ce qui est effectivement travaillé et mixé par les ingénieurs du son des grands studios de cinéma. Et ceci, involontairement grâce
à une bande annonce du film « La Momie 2 » avec Tom Cruise qui a donné un aperçu étonnant : Cette bande-annonce a été envoyée par la major sur Youtube, au format Dolby Atmos par erreur. Or le Dolby Atmos n'est pas géré par Youtube.
Plantage !
Les logiciels de conformation de Youtube ont traité le sonore comme un mixage en 5.1, n'ayant pas compris les métadonnées géométriques et ignorant les niveaux sonores à modifier. On entend chaque source son bien distinctement… Et on y a entendu un véritable massacre : chaque piste son était dégueulasse avec du bruit ambiant, comportant des éléments étrangers ou des cuts parfois très brusques… Bref, Le Dolby Atmos livré ressemble pas mal à une grosse flemme de polissage du rendu final.
Une fois de plus, on a eu la démonstration que les contenus réellement de qualité dans des formats aussi exigeants sont extrêmement rares. Un peu comme les albums ressortis en DVD Audio HD 5.1 en 96 khz sur 24 bits
, qui sont hélas bien souvent un gonflage artificiel d'un son analogique bien au-delà des capacités réelles des enregistrements originaux.
Et finalisé comme des porcs en ayant recompressé comme des sourds.
Texte : DaScritch
Sons complémentaires :
Gun charge, CC-By-NC Harris85,
Regular arrow shot, CC-By brendan89,
Arrow strike, CC-0 plantmonkey
Photo : Dolby Atmos system in use at SoundFirm in Melbourne, Australia CC-SA-By Nichollas Harrison, détail