Extrait de l'émission CPU release Ex0147 : Codecs du son.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui cherche un player pour ce fichier .rm
que tu as trouvé sur le disque dur de ton papa.
Comme on l'a vu, la réputation du numérique pour le son haute-fidélité s'est faite dans les foyers avec le Compact Disc en 1982. Le CD proposant une qualité de son très largement suffisante pour bluffer l'oreille humaine. À peu près au même moment, mais le grand public ne s'en est quasiment pas aperçu, le son numérique est arrivé dans les communications téléphoniques interdépartementales.
Oui, ce son nasillard (à 8 bits sur 8 kHz de fréquence d’échantillonnage) est aussi du numérique. Et en soit, c'est un son de qualité numérique car il permettait d'éviter les interférences derrière.
Et bien évidemment, si le CD permet d'écouter à tout temps ta chanson favorite, les ingénieurs ont aussi cherché à avoir la même qualité de restitution pour de la diffusion radio. Parce qu'à l'époque, le summum de la qualité en diffusion audio est la radio FM, qui va de 30 Hz à 15 kHz avec 65 dB de dynamique ; et quelques inconvénients comme la zone de couverture, le nombre limité de stations, le parasitage, mais de ça, je t'en parlerais une autre fois.
Le souci dans le son numérique en haute-fidélité est le débit de données nécessaire pour égaler la qualité Compact Disc : 1,4 Mbits/s. Dans les années 1970s, on pensait qu'un tel débit était pharaonique car il n'y avait quasiment aucune liaison qui permette une telle transmission, et donc qu'avoir un son d'une qualité Hi-Fi serait probablement impossible à atteindre côté grand public.
Ben oui parce que dans les années 2020s, tu as la fibre chez toi, ou sinon l'ADSL, ton téléphone capte de la 4G, mais dis-toi que le premier réseau fibre expérimental sur une ville européenne fut celui de Biarritz inauguré en 1984, qui distribuait la visiophonie et la télévision en… format analogique. La réput' de Biarritz comme spot de surf était grandement exagérée à l'époque.
Bref, pour du numérique pur, on n'avait pas la bande passante suffisante pour la transmission hertzienne. Principalement parce que la largeur des canaux hertziens, la bande passante utilisable, est limitée par des accords continentaux sous le patronage de l'ITU, et plus ou moins calqués sur la restitution analogique. Et si un tel débit était atteignable par satellite, les coûts de transmissions seraient ruineux pour n'atteindre qu'une poignée d'auditeurs. Car si de nos jours, lancer un pico-satellite vaut le prix d'un pavillon de banlieue du côté de Muret ; dans les années 1980s, le prix était largement plus cher qu'une flotte de jumbo-jets sorti d'usine.
Enfant du Futur Immédiat, en 1982, vouloir faire de la stéréo qualité CD n'est donc pas facilement faisable en radio ou en télévision conventionnels, et les équipements pour les liaisons professionnels sont hyper-coûteux… Ou alors, infaisables… si on tente de transmettre les données brutes. Si on arrive à compresser le débit numérique, la quantité d'information à transmettre à qualité presque équivalente chutera d'autant.
Texte : Da Scritch
Illustrations sonores : Björk « There's more to life than this (recorded live at the milk bar toilets) », Visit Venus « Planet of the breaks (Omar Santana edit) », extrait du film « Brice de Nice ».
Photo : Extrait de l'excellent site 2m40.com, un blog impactant, D.R., détail.