Extrait de l'émission CPU release Ex0197 : lost + found (novembre 2022). Une partie du sonore a dû être retiré pour tenir la durée imposée de l'émission, ceci est la version intégrale.
Dans notre émission sur les trains avec M. Jérôme Monamy, release numéro Ex0195, on avait prévu une chronique finale sur les petits trains touristiques, qui sont une survivance des lignes de trains à écartement métrique. Finalement, nous n'avons pu la placer. Mais ça serait dommage de ne pas profiter d'un guide touristique avec cet été indien qui s'éternise (hélas), et du coup, Infested vous en propose une version plus complète.
Déjà, enlevez ces trains touristiques sur roues et routes qui n'ont rien à voir avec le rail et sont souvent des entreprises autorisées par les communes ou les communes directement. Les petits trains touristiques sont nombreux en France : une petite centaine.
Gérés habituellement par des associations ou des collectivités, ils ont un double objectif : à la fois un rôle touristique pour découvrir les lieux le long du rail, et un rôle patrimonial pour sauvegarder le matériel roulant avec toutes les propulsions et tous les écartements que l’entretien des rails.
Bon, je vais pas vous faire la liste des plus de 100 chemins de fer touristiques. Nous sommes sur Toulouse, je vais me limiter aux 7 trains touristiques de la région Occitanie.
Commençons par le plus connu : Le petit Train Jaune. Géré par la région Occitanie et exploitée par la SNCF (Train Lio), le Canari est inauguré le 18 juillet 1910 avec un premier tronçon entre Villefranche-de-Conflent et Mont-Louis-La Cabanasse, suivi en 1911 de la section entre Mont-Louis et Bourg-Madame. En 1927, il est prolongé jusqu’à la gare internationale de Latour-de-Carol/Enveitg. Ce train est utilisé pour désenclaver la Cerdagne (la partie ouest des Pyrénées Orientales) en passant par les gorges du Têt dont la route (RN116) est régulièrement fermée à cause des éboulements et de la neige. Ligne secondaire, l’écartement de 1 mètre.
Le type de lignes qui donc furent supprimées à partir de 1938 ?
Le parcours comprend 2 œuvres remarquables avec le viaduc Séjourné, un viaduc à 16 arches à 65 m de hauteur pendant 217 m, et le pont Gislard, un pont ferroviaire suspendu à 80 m de hauteur pendant 234 m sans pilier. Profitant de l’installation d’une centrale hydroélectrique à Fontprédrouse en 1913, le petit Train Jaune utilise un moteur électrique et un troisième rail, comme dans le métro parisien. Au niveau matériel, le train jaune est propulsé par l’une des 13 automotrices Z100 d’origine, datant de 1908, de 2 fourgons chasse-neige Z200, datant de 1910, ou des 2 automotrices panoramique Z150 de 2004.
Après le jaune, le rouge, dans une autre vallée. Le Train Rouge navigue entre Axat dans l’Aude et Rivesalt dans les Pyrénées Orientales. Cette ligne démarre par une section de Carcassonne à Limoux en 1874, prolongée jusqu’à Quillan en 1875, dans l’Aude. De l’autre côté, une ligne de chemin de fer est créée de Rivesaltes à Saint Paul de Fenouillet en 1901 dans les Pyrénées Orientales. Mais la liaison entre St-Paul et Quillan en utilisant le défilé de Pierre Lys est plus long à créer et s’ouvre en 1904. Mais, faute de voyageurs réguliers, la ligne entre Quillan et Rivesaltes est remplacée par des autobus en 1939. En 1956, la section entre Quillan et Saint Martin Lys est neutralisée, coupant la ligne avec un bloc Carcassonne-Quillan dans l’Aude et un bloc Rivesaltes-Axat-St Martin Lys côté PO.
En 2002, l’association Train du Pays Cathare et du Fenouillèdes (TPCF) obtient la gestion de la ligne entre Saint Martin-Lys et Rivesaltes avec des locomotives BB63000 ou 66000, des autorails Picasso (X3800) et Caravelle (X4500) et des Draisines pour l’entretien. Sur le parcours, les touristes pourront passer au milieu des vignobles du Roussillon, de la région boisée de la Fenouillède, des falaises des Corbières et des viaducs et tunnels dans les Pyrénées audoises. Il est possible d’accéder aux châteaux cathares de Quéribus et de Puilaurens. Pour les plus téméraires et sportifs, un vélorail permet de profiter des rails et du paysage depuis Axat vers St Martin-Lys ou vers le Col Campérié (direction Lapradelle), quand les trains n’y circulent pas.
Le TPCF propose des trains thématiques : un voyage sensoriel avec repas gourmand, dégustation de vin et panorama, un train Halloween, un train du Père Noël, un train théâtre et des journées forestières.
Du rouge, on passe au bleu. Direction le Gard et la Lozère. Les trains bleus utilisent un petit tronçon de l’ex-ligne Floirac - Sainte Cécile d'Andorge. Cette ligne à écartement métrique a été exploitée entre 1909 et 1968. Entre 2003 et 2009, l’association Train de l’Andorge en Cévennes reprend le cheminement laissé pour créer une nouvelle section de rails écartés de 0,4 m, la largeur des petits trains touristiques, entre Ste Cécile (Gard) et Saint Julien-des-Points (Lozère), qui a posé des problèmes réglementaires. Le matériel est créé par des bénévoles et copie les modèles plus grands (BB66000 à moteur Stelantis (Peugeot Citroën), BB67000 et Y3048 à moteur de motoculteur).
Plus proche de Toulouse et à écartement minime, le Chemin de fer touristique du Tarn propose de circuler sur une voie étroite, écartement de 0,5 m, entre Saint-Lieux-les-Lavaur et le Jardin des Martels à Giroussens. Elle exploite le cheminement d’une des 3 lignes de tramways à vapeur du Tarn, utilisé entre 1925 et 1931, entre La Ramière et Saint Sulpice. Le parcours forestier permet de profiter du bois de la Garrigole et de la paline de Salles, au pied de Giroussens.
L’association ACOVA (Association pour la Conservation Occitane de Véhicules Anciens) possède 5 locomotives à vapeurs Couillet et Decauville, dont 3 sont classés Monument historique, et 26 locotracteurs (Crochat, Heim-Patry, Decauville, Renault,...) dont 2 Monuments Historiques.
Restons dans la vapeur et direction Martel dans le Lot et le Truffadou. Mis en service en 1889, la section Martel - Saint Denis lès Martel fait partie d’une ligne Bordeaux - Aurillac qui circula jusqu’en 1917, suite à un déferrement pour l’effort de guerre. La section entre Souillac et Saint-Denis-près-Martel est rétablie en 1919 avec des rails américains. La ligne entre Souillac et Viescamp-sous-Jallès permet de distribuer les produits du marché aux truffes de Martel. Faute de voyageurs, la ligne est fermée aux voyageurs en 1980 et à tout trafic en 1989 puis déclassée en 1996.
L’association Chemin de fer touristique du Haut Quercy rachète le tronçon entre Martel et Saint Denis-près-Martel en 1992. Les bénévoles nettoient les voies et installent un arrêt à St Denis. L’association exploite un train à vapeur SACM de 1927, des locomotives BB63000, Y5100, Y5200 et Y7500, des autorails Picasso (X3900) et X2100 et une Draisine pour l’entretien. Le parcours de 13 km permet de passer à flanc de falaises (80m de hauteur) et de profiter d’un panorama sur la Dordogne.
(Feu-mes grands-parents habitaient la commune voisine de Les Quatre-Routes du Lot. Depuis leur maison, mes parents, mon frère et moi faisions du vélo dans le secteur, avec un passage sur la route RD32, avec ces nombreux panneaux risques d’éboulement. Imaginez quand le train à vapeur siffle au-dessus de vous, après sa sortie ou son entrée dans un des 3 tunnels du parcours. Le réflexe du frein est forcément assez fort pour cartonner mon petit frangin. Rondudju, j’en ai voulu à ce train touristique !)
Restons dans la vapeur avec le Train à vapeur des Cévennes. Ce dernier parcourt la petite ligne de 14 km entre Saint Jean du Gard et Anduze. Créée en 1909, elle permet le transport de voyageurs et des soieries du Gard. Mais la Seconde Guerre Mondiale porte un coup d' arrêt du service en 1940. Le fret de bois relance la ligne entre les années 1950 et 1971.
L’association alsacienne CITEV (Compagnie Internationale des Trains Express à Vapeur) entreprend de reprendre cette ligne des Cévennes pour y faire passer des trains à vapeur. Il crée l’association Train à vapeur des Cévennes pour racheter la ligne en 1982. Devant le succès, l’association est transformée en société en 1987. Elle propose des solutions de restauration de locomotives à vapeur. Les locomotives à vapeur North British, Tender, de 1917, Krupp de 1937, Henschel de 1945 et SACM de 1953, les locomotives diesel Schneider 902 et 906, C61000, BB 63500 et un autorail Renault VH-23 de 1933 se baladent sur une ligne forestière avec 3 tunnels, un pont métallique et 9 viaducs.
Pour les amateurs de X2800 avec la couleur Bleu d’Auvergne (bleu et blanc), l’association AP 2800, basé sur Alès, organise des voyages sur les lignes SNCF pour profiter des paysages et de ce modèle particulier d’autorail.
Pour les Shadocks amateurs de vélo et de rail, ils peuvent pomper pédaler sur l’un des 5 vélorails de la région : le vélorail du Larzac à Saint Eulalie de Cernon (Aveyron), le vélorail des Cévènnes à Thoiras (Gars), le vélorail de Saint Thibéry (Hérault), le vélorail du Canal du Midi à Montady (Hérault) et le Vélorail de l’Armagnac à Nogaro (Gers)
Texte : Infested Grunt
Voix complémentaire : Da Scritch
Photo : Locomotive Southern Railway 1401, exposée au Museum of History and Technology, CC-0 via the Smithsonian Institution