Extrait de l'émission CPU release Ex0206 : Conférence technique, seconde partie.
Allez, c'est bien beau de parler de ses confs, mais si on parlait de votre première présentation technique que vous donnerez sur scène ? Je vous recommande de lire l'excellent billet de Frank Taillandier. Personnellement, j'ai créé l'émission de radio CPU aussi pour servir d'atelier d'écriture et de prise de micro pour ceux qui n'en n'ont pas l'habitude, on y a plutôt réussi jusque-là, et on a des places dans l'équipe pour la rentrée.
Bon disons, vous avez un super sujet, et y'a un salon professionnel où vous pourriez le passer. En général, vous répondrez à un call for paper
, un appel à participation, sur les sites des conférences techniques. Vous aurez à remplir quelques infos personnelles, donner un titre à votre conférence, expliquer en 6 lignes de quoi elle va parler, et parfois indiquer aussi ce que vous pensez que le public pourrait en retirer.
Faites attention à ne pas proposer du hors-sujet ! Ce n'est pas tous les jours qu'un thème sur l'histoire du design matériel trouve sa place dans une journée sur les bases de données SQL.
Commencez à rassembler de la documentation. Ne négligez pas ce point : il vaut mieux se dire qu'on ne connaît pas tant que ça tous les angles de son domaine, et présenter un sujet est l'occasion d'en apprendre plus soi-même. Commencez à jeter quelques idées sur une feuille de papier, mais attendez une réponse positive avant de vous lancer vraiment dans l'écriture.
La principale astuce pour transmettre, et j'en suis un très mauvais exemple, c'est d'avoir des mots-clés, des bouts de phrases. Évitez vraiment de trop écrire vos textes et d'avoir à laborieusement lire un prompteur comme moi. En général, c'est là où l'on prend un ton professoral que les deux du fond de la classe vont qualifier techniquement de chiant
. Entre lire un texte
et dire un texte
, y'a un monde.
Gardez bien de côté comment vous avez décrit votre conférence : si jamais vous avez un doute, ou vous êtes en pleine panne sèche, reprenez justement les infos que vous aurez remplies. Relisez-les et posez-vous cette question : Est-ce que je remplis mon contrat ?
. Si vous êtes dans le cas inverse, celui où vous avez trop, mais alors trop de choses à dire dans le temps imparti, ben cherchez ce qui est un peu hors sujet, l'anecdote pas si utile que ça, et écartez-les. Il va falloir rester clair, raconter une histoire avec un début et une fin, et le faire dans une durée très précise.
Votre support visuel : Si vous mettez du texte à l'écran, pensez à le lire pour votre public malvoyant ou aveugle. Ou pour ceux qui la ré-écouteront en circulant à vélo. Un conseil très important : toujours avoir beaucoup de contraste entre le texte et le fond, mettez du gras dans les lettres, et évitez les polices trop fantaisies. Et au mieux, ne dépassez pas les 10 lignes de texte à l'écran : Si vous mettez trop d'écrit, beaucoup ne feront que recopier vos slides et vous perdront. Tandis que d'autres n'arriveront pas à tout lire.
Pensez aussi à avoir un support en design liquide, qui s'adapte à la largeur de la fenêtre, et pour ça, le HTML est le support roi. Oui, parce que j'ai plusieurs fois vu des supports en 16/9e, charcutés par le projecteur 4/3e d'une fac.
Envoyez votre support avant aux organisateurs, qu'il soit en Powerpoint, Keynote, HTML ou PDF. Et en plus de votre ordinateur, ayez une copie à part sur une clé USB vidée, en plusieurs formats. Parce que les pannes de batterie ou les projecteurs qu'à prise VGA, ça existe toujours.
Si vous allez à une conférence avec une traduction en langue étrangère, en langue des signes ou en vélotypie, envoyez votre texte avant pour les traducteurs.
Dernier point, sur la durée : Réservez-vous environ 15 % de marge. Si vous avez 25 minutes, essayez de la faire tenir en 20 minutes, sans vous presser. Si vous avez 5 minutes, comptez 4 mn 30. Et attention au piège : quand on est pris par le temps, on a tendance à parler plus vite. C'est évidemment à éviter… et à chaque fois, je me fais avoir.
Par contre, prévoyez que vous pourriez sauter certaines parties en milieu ou en fin de conférence, ceci afin de ne pas sacrifier votre conclusion.
N'hésitez pas à répéter, toujours à voix haute. On note plus souvent les incohérences en les disant. Et proposez à des collègues, des confrères, de la répéter devant eux, et demandez-leur leur avis. Si c'est clair, si le support est lisible, si on apprend quelque chose, ce que l'on retire du sujet. N'hésitez vraiment pas !
Et maintenant, bonne chance à vous, vous serez surement excellent !
Texte : Da Scritch
Photo : Audience de la conférence THCon en 2023, CC-By-SA Da Scritch