Extrait de l'émission CPU release Ex0212 : lost + found (septembre 2023).
Ahhh… l’Hyperloop. Idée proposée par Elon Musk en 2013, mais que l’on doit à Jules Verne dans le petite chronique « Au XXIXe siècle ou la journée d’un journaliste américain en 2889 » avec un système pneumatique, à l’instar des tubes de transport de Futurama. Cette idée de transport à très grande vitesse utilise un système de tubes où les capsules se déplacent sans problème avec un champ magnétique dans un environnement vide. Il permettrait d’atteindre 1000 km/h entre les différentes destinations.
Elon Musk, via sa société spatiale SpaceX puis la filiale en tunneliers The Boring Company, lance en 2014 son concours à destination des étudiants et des universitaires pour réaliser des prototypes. Cependant, des startups vont se lancer dans l’idée : Hyperloop Technologies, devenu Virgin Hyperloop, suite au rachat par Brandson à un consortium incluant la SNCF et General Electric, Hyperloop Transportation Technologies, alias Hyperloop TT, une startup monté par Dirk Ahlborn, un entrepreneur américain d'origine allemande connu pour JumpStartUp, un système de financement par crowdfunding pour les microentreprises, et Transpod, une startup canadienne.
Si le projet d’origine concerne les Etats-Unis et en particulier, la ligne entre San Franscisco et Los Angeles, les sociétés vont essayer d’implanter des zones de test en Europe. En France, la société Hyperloop TT choisit Toulouse et la métropole met à disposition son site de Francazal, d’anciennes pistes de l’armée de l’air repris pour un projet fantaisiste de Hollywood sur Garonne
. Bénéficiant de l’appui de Toulouse Métropole et de son président Jean Luc Moudenc, Hyperloop TT aura droit un petit Bail à Loyer Modéré de 70 000 €/an et de mise en avant par l’administration. Le but est de tester une installation avec un tube de 1 km, pour ensuite créer un premier réseau entre Toulouse et Montpellier. En 2019, un tronçon de 420 m est installé par Hyperloop TT à Francazal.
Bien qu’ayant choisi Limoges pour son centre d’essai sur une portion d’une ancienne ligne SNCF à Bersac, Transpod installe ses bureaux et ses chercheurs à Toulouse. Le PDG, Sébastien Gendron, est un ancien de ISEA-Supaero à Rangueil. Mais il déplace en 2022 les bureaux à Limoges pour être plus prêt de la zone d’essai (toujours en construction, malgré un permis délivré en 2018). Transpod est aussi parti suite à des différents avec le Capitole, plus emballé par le matériel déjà présent d’Hyperloop TT, et à la pression des acteurs locaux sur Limoges et en Nouvelle Aquitaine.
Mais tous ces projets d’Hyperloop commerciaux vont finir en …
Plantage
Selon un livre et des informations du Time américain, l’idée de l’Hyperloop a surtout servi à reporter les projets de réseau ferré et de TGV sur la Californie dont certaines portions passaient par des circonscriptions d’hommes politiques forts. Pire, une grande partie du projet de lignes à grande vitesse a été mise au rebut par manque de fonds et de temps pour le réaliser. 5 ans de retard dans la timeline, c’est pire que la modération de Twitter/X.
Déjà en 2016, le doute sur l’idée Hyperloop est venu des experts des transports qui avaient beaucoup de mal avec les promesses de Musk, certains allant rappeler le projet français d’aérotrain. En 2022, un article du New York Times en rajoute une couche avec une liste des problèmes et des non-solutions des différents projets commerciaux.
A Francazal, le projet présente aussi des signes de faiblesses : bien que les tubes et les installations soient arrivés sur place, leur assemblage entraîne de nombreux problèmes et n’ira pas plus loin que les 400 m déjà en place sur le kilomètre prévu. En 2021, suite à l’annonce de l’abandon de Francazal par Hyperloop TT, la métropole résilie la location des installations et donne jusqu’à septembre 2023 pour quitter les lieux. Véritable symbole de cette fin, le logo a été retiré du château d’eau sur Francazal. Au total, la Métropole de Toulouse a fait une croix sur 5,5 millions d’euros de loyers et charges en tout genre.
Mais, est-ce la fin de l’Hyperloop ? Non. Si les sociétés commerciales sont en train d’échouer, le développement universitaire semble réussir. L’Université de Munich a réussi à développer un système d’Hyperloop et a remporté le concours de The Boring Company. The Boring Company va mettre à disposition les tunnels de Las Vegas et de Californie, créés entre-temps, pour tester la solution allemande. De leur côté, Virgin Hyperloop semble avoir décidé de tester leur système pour du transport de marchandises à longue distance, plutôt que des personnes. Le train n’avait-il pas commencé par le commerce (charbon, notamment) ?
Texte : Infested Grunt
Habillage musical complémentaire : Générique de Futurama
Photo :