Extrait de CPU release Ex0013 : Hackers 20 ans après.
Bonjour à toi, enfant du futur immédiat, toi qui attends le nouveau film Disney de Noël, ou tel Chris O'Brien, est actuellement dans un cinéma pour aller donc voir le « Star Wars » nouveau. Enfin bon, un « Star Wars » réalisé par un fan de « Star Trek », moi, je te dis qu'on va avoir le côté obscur de Jar Jar Binks.
Chaque fin d'année, les chaines de télévisions accrochent à leurs programmes leurs plus beaux films de contes de fées. Hélas, il y a un film de conte de fées qu'on adore dans cette émission qui n'est jamais diffusé à la télévision à ce moment là, alors que ce long-métrage a 20 ans.
Quel dommage de ne pas parler de ce film avec Angelina Jolie (oui oui, la « Lara Croft ») et Johnny Lee Miller (oui, oui, le même que « Trainspotting ») où Dave un vaillant chevalier tente de convaincre Kate, une jolie princesse de son amour en allant jouter pour prouver sa bravoure.
Bon en fait, la fable est très moderne : le chevalier est défié par la princesse à jouter, préfigurant « Raiponce » d'une génération. Et la princesse menace le chevalier de lui faire porter une robe.
Sauf que les deux personnages vivent dans un monde moderne où les joutes consistent non pas à se défier au tir à l'arc ou à désarçonner à la lance mais à pirater de très gros ordinateurs. et que Dave et Kate se connaissent sous les pseudos de Zero Cool et Acid Burn. C'est à qui piratera le plus vite une chaine de télé du cable pour mettre son film favori, pendant que le DSI de TV5 Monde envoie son CV ailleurs.
« Hackers » est un film de Iain Softley, sorti il y a exactement 20 ans. Vous aurez donc deviné que ce film n'est pas franchement un conte de fée, même si le film se termine bien puisque les acteurs se marièrent après le tournage. Ça n'a tenu qu'une année : ils se séparèrent, Angelina eu plein d'enfants adoptifs et Johnny Lee Miller interprétera un geek notoire dans la série « Elementary ».
« Hackers » raconte l'histoire de nerds boutonneux, adolescents à l'âge et au modem ingrats qui plutôt que se défier à la borne WipeOut (on y voit le prototype du jeu Playstation, qui tournait alors sur Silicon Graphics), préfèrent sortir leur gros processeur G4 pour aller pirater les fichiers de la compta d'une multinationale, comme ça, juste pour rire. Ah oui, j'oubliais : ils sont peut-être au lycée, mais ils ont l'âge légal pour boire et pour aller en boite.
Ils ont néanmoins le bon goût d'écouter les meilleures playlists nocturnes de Radio FMR des années 1990s, car ce film fut l'une des premières grosses productions à mettre en avant la musique techno.
Enfant du futur immédiat, si tu ne le sais pas, les québecois ont, à leur habitude, francisé le titre du film en « Chapeaux Noirs ». Pourquoi ce nom ? Car, Blackhat
précise plus exactement le genre de Hackers
dont sont les personnages titres du film : des pirates qui font ça pour la gaudriole et l'argent plutôt que pour le bien commun. Ou plus exactement par anarchie plutôt que pour consolider l'usage civil et le bien être de tous.
Le terme hacker
date des années 1950s, et désignait un bidouilleur rigolard du MIT, celui capable de rentrer dans les entrailles de l'ordinateur à lampes pour en faire une guirlande de noël géante, couteuse, mais toujours fonctionnel.
Des hackers sur grand écran avant ce film, nous eûmes August Gorman dans « Superman 3 », David Lightman qui voulait jouer des « Wargames » et Le « Big Lebowski » dans « Tron ».
Après, les choses changèrent : un hacker soviétique veut sa revanche dans le James Bond « GoldenEye », Le « Die Hard 4 » a pour vilains des cyber-terroristes qui remixent des discours de Nixon,… l'informatisation galopante de notre époque moderne fit qu'on ne pouvait plus faire avaler au spectateur des couleuvres comme dans « Traque sur Internet » où une adresse IP commence en 768.345.
... La méthode d'éradication des aliens dans « Independence Day » restera la plus risible : leur injecter un virus informatique par Wi-Fi.
Même dans « Matrix 2 », on voit Trinity utiliser l'utilitaire nmap
pour faire planter une centrale électrique. Pour info, le créateur dudit utilitaire, Gordon Lyon, n'était pas au courant de cette scène et le découvrit au cinéma. On ne peut rêver de plus bel hommage : avoir son engin logiciel tripoté par une aussi jolie femme dans une tenu moulante très sexy.
Sur le petit écran, dans les années 1980s nous avions la gentillette série « Les Petits Génies » ou « Whiz Kids » en VO. De nos jours, nous en sommes à de vrais protagonistes de polars comme dans « Person Of Interest » et « Mr Robot ».
Enfant du futur immédiat, le film « Hackers » est peut-être kitsch, il a sûrement mal vieillit, il me mets peut-être un méchant coup de vieux, mais il a fait entrer le geek, le nerd, le taré de service qui ne fait pas de sport et préfère se complaire dans les livres de physique quantique comme un véritable héros de cinéma. Peu importent les scènes de hacking en pseudo 3D, ou le méchant CSO qui fait du skate, il y avait le Manifeste Hacker et la bande son très cool.
Auteur : DaScritch
Le texte complet est disponible sur le site de son auteur
Illustration graphique : Affiche anglaise du film, via London City Nights, D.R.