Extrait de l'émission CPU release Ex0117 : À la source du son.
Parlons un peu de son stéréo et de la spatialisation du son.
La stéréophonie repose sur une idée simple : nous avons deux oreilles, envoyons-leur deux sons légèrement différents pour donner une illusion de relief auditif.
Lors de l'Exposition Électrique de Paris en 1881, Clément Ader, un ingénieur natif de Muret, réalise des captations d'opéra qui sont transmis à des bâtiments à 2 km de la salle de spectacle. Transmission faite via des lignes téléphoniques doubles : une par micro, donc une par écouteur, car l'auditeur distant va tenir deux cornets téléphoniques, une par oreille. L'expérience du spectateur n'est plus d'être dans la salle mais carrément sur scène à côté des acteurs.
Ader a placé chaque groupe de micro aux bords opposés de la scène, c'est à dire complètement à gauche et complètement à droite. Une disposition qu'on appellera stéréo en couple AB
, parce qu'elle est aussi exagéré que n'importe quelle sitcom d'AB productions
Clément Ader nommera la première captation en stéréo le théâtrophone
et sera une démonstration du téléphone, mais aussi un service commercial. Grace à l'argent qu'il a gagné en commercialisant le téléphone, Clément Ader pu financer son aventure de pionnier de l'aviation. À l'époque, les forfaits téléphoniques étaient très chers.
Mais l'illusion auditive est limitée au port des écouteurs, et l'expérimentation devenu le premier service payant de diffusion en direct déclina avec l'arrivée de la radio.
Le perfectionnisme d'Alan Blumlein remettra la stéréo au goût du jour un demi-siècle plus tard, en 1931. Cet ingénieur britannique de chez EMI trouvait navrant que le son au cinéma semble toujours sortir d'un point fixe et que les voix ne suivent pas la position des acteurs à l'écran. Très vite, il va travailler sur la disposition des micros et des hauts-parleurs pour reproduire correctement cette illusion, qu'il appelait la restitution sonore binaurale.
Ainsi naquit : la stéréophonie sur haut-parleurs
Alan Blumlein va proposer plusieurs avancées en un seul brevet, notamment le matriçage stéréo rétrocompatible avec la mono (système qu'on utilise pour la FM), la gravure des disques en stéréo compatible avec la mono et la disposition des haut-parleurs par rapport aux auditeurs : à 45° de chaque côté de la tête, les 3 points formant un angle droit. Une configuration qu'on appelle la stéréo en couple XY
, X pour gauche, Y pour droit, qu'on peut visualiser sur oscilloscope en X pour abscisse et Y pour ordonnée.
Il installa en 1934 ses équipements dans le studio d'Abbey Road tout fraîchement inauguré, pour enregistrer le premier disque vinyle en stéréo. Et fera après un court-métrage en stéréo en ajoutant une deuxième piste optique sur la pellicule cinéma. Mais EMI, son employeur, ne voyant pas d'avenir commercial immédiat, décida d'arrêter les frais quelques mois plus tard et mis son ingénieur prodige sur la télévision.
Texte : Da Scritch
Avertissement
Attention ! Pour l'illustration musicale suivante, les équipes de l'émission CPU et de Radio <FMR> ne peuvent garantir une restitution optimale : Ce que vous allez entendre est non seulement de la musique, mais aussi une image. Si vous prenez un oscilloscope, et que vous branchez le son de gauche sur l'entrée X et le droit sur l'entrée Y, donc dans la disposition de visualisation de Blumlein, vous obtiendrez une animation graphique à base de spirales, d'où le nom de cette œuvre : « Spirals ».
Son auteur, compositeur et programmeur, Jerobeam Fenderson était venu au THSF en 2015 pour démontrer son travail lors d'une performance en live.
À cause des filtres de transmissions et du format de codec de diffusion de notre émission, l'image ne pourra être parfaitement reconstituée et sera déformée. Afin d'obtenir le bon effet visuel, il est recommandé d’acquérir l'album sur le site oscilloscopemusic.com et de jouer la version sans pertes au format .WAV dans vos sorties analogiques. Pour nos amis les humains, attention : le son peut vous perturber biologiquement.
Voici « Spirals » par Jerobeam Fenderson :
Texte : Da Scritch
Voix complémentaire : Élise Rigot
Photo : Amphion Argon 0 loudspeakers CC-By David Falkner, détail