Extrait de l'émission CPU release Ex0143 : Le son laser.
J'ai décrit dans une émission précédente de cette série les deux dimensions du son numérique : la résolution d'échantillonnage et la fréquence d'échantillonnage. Plus ces valeurs sont élevées, plus on se rapproche d'une restitution parfaite de l'original, donc audiophile
. Il existe un standard industriel qui fait référence depuis la fin des années 1970s : un flux numérique avec un échantillonnage en 16 bits samplé 44 100 fois par secondes, en stéréo. Ces valeurs sont liées à un format physique qui a régné sur la Terre pendant 40 ans, tout simplement car il est capable d'une restitution quasi-parfaite de ce qui est audible pour un humain. Et ce support a deux technologies des années 1970s comme parents :
- Le LaserDisc a servi de beta pour le calibrage du laser, les dispositifs de correction de trajectoire à la lecture, l'industrialisation de la production des disques, et les concepteurs ont compris qu'il valait mieux stocker en mode CLV. Entres autres, Philips a travaillé à son développement.
- Et l'enregistrement du son au format numérique en audio professionnel, où furent explorées la bande passante, les résolutions en fréquence et en échantillon, la correction d'erreurs, les convertisseurs entre signaux analogique et numérique, les processeurs spécialisés et les problèmes d'aliasing. Sony est en pointe sur le sujet par son matériel à destination des professionnels.
Et comme Philips et Sony cherchaient à créer la prochaine génération de support audio, forcément, ils auraient pu sortir chacun de leur côté leur produit. Plutôt que de se faire la guerre, les deux géants de l'électronique ont au contraire uni leurs forces.
Ainsi naquit : Le Compact Disc
Lancé tel un discobole en 1982, le nom Compact Disc
est un clin d'œil à la cassette audio, en anglais Compact Cassette
, créée par Philips une vingtaine d'années plus tôt, un format qui a écrasé ses concurrentes par sa taille modeste, son usage versatile et sa solidité, face par exemple aux cartouches 8 pistes.
Le Compact Disc, on dit aujourd'hui CD audio
, étant lancé comme un produit audiophile, Philips va choisir une célébrité de son catalogue de musique classique pour en faire la pub : Ainsi, le chef d'orchestre Herbert von Karajan devint ambassadeur du format, et le premier test press du format CD fut la Symphonie Alpestre de Richard Strauss, la spécialité du chef.
Car les deux entreprises créatrices du CD, en plus d'être reconnues dans la Hi-Fi grand-public et l'équipement professionnel, disposent d'un immense catalogue musical, parfois déjà finalisé et enregistré dans un format numérique. Durant les premières années, le CD comportera un classement en trois lettres, le code SPARS : AAD, ADD et DDD, selon que la chaîne de production est numérique dès la prise de son (DDD) ou seulement au moment du master (AAD). C'est en capitalisant sur leur catalogue déjà existant et ayant déjà été produit en numérique que Sony et Philips vont se différencier des autres productions tirées en CD ; car oui, ils ne fermeront pas la route à leurs concurrents dans les bacs à disques, il vont simplement les pousser à renouveler leurs équipements de production en s'érigeant en standard technologique.
Le format est lancé commercialement en 1982. Avant la fin des années 1980s, le CD dépassera les ventes de disques vinyles et de cassettes audios.
Le CD n'a pas renié son ancêtre Laserdisc : il a existé des singles hybrides CD et Laserdisc, la partie interne CD audio comportant la musique, et la partie extérieure comportant le clip. Des astuces différentes permirent plus tard de mixer CD et DVD sur un même support.
Seul le texte est en licence Creative Commons, le sonore est © Radio <FMR>.
Texte : Da Scritch.
Illustrations sonores : la Symphonie Alpestre de Richard Strauss dirigée par Herbert von Karajan.
Photo : Photo macro d'un CD audio, CC-By aotaro via pxhere, détail