Extrait de l'émission CPU release Ex0136 : Traitements du son.
La technologie du compresseur a été poussée à son paroxysme, c'est à dire que rajouter des décibels en entrée ne fait plus monter le niveau sonore sur un ratio 1:∞. On appelle alors l'engin un limiteur, et il devient un excellent garde-fou. Le limiteur est un rabot qui empêcher l'amplitude du son de monter plus haut. Et quand le son est limité, parfois naturellement
par le matériel, on dit que le son est saturé. À noter que c'est l'effet de saturation d'un limiteur que travaillent justement les guitaristes rock depuis un demi-siècle. Son effet est assez désagréable et donc n'arrive qu'en dernier recours, ou on essaie de l'adoucir avec un soft-knee
, une compression progressive qui a un niveau de tolérance avant de fonctionner à plein rendement.
La compression des fortes amplitudes n'est pas le seul traitement qui peut être effectué en dynamique.
Par exemple, il y a le denoiser
. Disons que vous avez un bruit de fond, un bruit de fond agaçant... Le bruit de fond peut être électrique (genre le hummmmm
à 50 Hz, ou le bruit blanc radio-électrique), mais il peut aussi être dû à la ventilation de votre studio de prise de son, ou d'une bande magnétique analogique. Il est possible de le rendre plus discret en disant à un appareil de traitement qu'en dessous d'un certain niveau sonore, il faut réduire le niveau sonore de l'ensemble.
Cela ne fait pas disparaître totalement le bruit de fond,… il remonte quand on parle dessus.
En général, avant tout enregistrement pour une chanson, une émission de télévision en plateau ou un film, le preneur de son va demander une dizaine de secondes de silence plateau avant la prise. Ce silence n'en n'est pas vraiment un : Il permet de justement capter les bruits d'ambiance qui sont probablement indésirables, ce qui permettra de le filtrer au denoiser, ou de bien régler l'appareil pour qu'il agisse en direct.
De nos jours, avec le numérique, et à condition de ne pas travailler en direct, on utilise d'autres types de filtres pour débruiter un son, qui sont plus compliqués, voire utilisent le machine learning. Et selon la qualité de l'algo, le profil du bruit et celui du son qu'on veut garder, on peut avoir des artefacts qui vont polluer le son.
Il existe aussi une compression inverse, le rehausseur ou expander
. Là, si le niveau sonore est faible, on ne va pas le baisser mais au contraire, le monter pour le rendre un peu plus présent et mieux entendre les sons ténus. En fait, on utilise la fonction compression mais dans le ratio 1:x, x est inférieur à 1, donc la sortie du son monte plus vite en voltage qu'en entrée. Le rendu final est proche d'un compresseur : rendre plus présent les sons ténus par rapport aux sons forts.
On utilise durant la production d'autres effets comme des filtres par fréquence atténuant sur une bande de quelques hertz de large, par exemple pour éviter des larsens entre les micros et les enceintes dans un concert. Il y a aussi du réglage de niveau par bande nettement plus évolués que l'égalisation
des chaînes hi-fi, et autres effets qui donnent volontairement une couleur
au son.
Dans tous les cas, cette modification non-linéaire de la dynamique, donc de l'amplitude des sons, entraîne une déformation qui conduit à une perte de détails, c'est une opération destructive, très rarement réversible. D'où le dilemme : perdre quelques nuances du son ou avoir l'intention d'un rendu déformé ?
Seul le texte est en licence Creative Commons, le sonore est © Radio <FMR>.
Texte : Da Scritch.
Illustration sonore : Orchestre de chambre Black & Decker, en concert tous les week-ends
Photo : Studio Cyan center rack, CC Marco Rockstroh, détail