Extrait de l'émission CPU em lang="en">release Ex0136 : Traitements du son.
On a vu que le compresseur de dynamique est un traitement de son conçu à l'origine pour éviter que le signal soit distordu par une amplitude trop forte. Et que cette famille de procédé est devenu avec le temps un outil cosmétique.
C'est un peu le débat depuis 20 ans : l'ensemble de l'industrie musicale, des éditeurs de disques aux stations de radio, a rendu le son trop plaisant. Et donc la plage dynamique utilisable est quasi continuellement au maximum, avec beaucoup moins de nuances. Si vous ouvrez vos mp3 dans un éditeur de son, vous verrez que bien souvent, la forme d'onde est continuellement au taquet. Ouais, même le son de cette chronique, mais pour l'émission CPU qui est principalement un programme de talk, nous le faisons exprès pour des raisons d'intelligibilité.
Depuis le début des années 1990s, il y a tout un débat sur la compression de la dynamique, qu'elle a tué le son, et surtout annulé le principal avantage du CD pour le grand public : la restitution fidèle des détails. Un phénomène qui fut appelé la guerre à la compression
qui font que les ré-éditions récentes des tubes de grand-papa sonnent affreusement par rapport à son 33 tours acheté dans les années 1970s. Même les tubes des années 1980 sonnent très différemment entre les CD de l'époque et les ré-éditions actuelles. Et même, pour tordre le cou à une légende vivace, cette compression agressive se retrouve… sur les ré-éditions vinyles actuelles.
Et franchement, personne ne sait jusqu'où le réglage de compression va aller à ce rythme-là… [Musique pop, avec une compression allant de 1:1 à 1:10]
Tout ça pour dire que dans la plupart des sources musicales qui sont accessibles aux radios, un traitement de compression de la dynamique aura peut-être été refait par le label musical, et parfois aux dépends des musiciens et du réalisateur d'origine. Tuant ainsi une partie de l'intention artistique.
Je ne sais pas si vous voyez le souci : On ressort des bandes analogiques originales qu'on restaure à grand-frais, qu'on va vendre en SACD, ou DVD audio HD ou Blu-Ray Pure Audio facturés 8 fois trop chers, avec en cadeau bonus non désiré des protections anti-copies qui vont gêner la moitié des acheteurs, mais on tue le résultat restauré en compressant comme des Parisiens dans un métro en service minimum !
Plantage !
Il y a quand même des professionnels qui ne l'acceptent pas : Les producteurs de dramatiques sur France Culture ont ainsi fait grève il y a une dizaine d'années quand un tel traitement allait être installé sur leur antenne. Ils estimaient qu'elle tordait le travail du mixage. Circonstance aggravée par le fait que l'appareil n'arrive pas à limiter les propos outranciers de Finkielkraut (mais c'est un autre débat).
Ajoutons aussi les catastrophes hélas trop récentes où des incendies d'entrepôts détruisent les enregistrements originaux d'albums ou de films, ce qui est arrivé chez Warner ou chez Sony. Quoique l'intrusion de pirates chez Sony en 2014 a permis de sauver des masters numériques, notamment d'inédits de Michael Jackson.
Ouf.
Seul le texte est en licence Creative Commons, le sonore est © Radio <FMR>.
Texte : Da Scritch.
Illustration sonore : Beck « Loser » exagérément compressé
Illustration : Histogramme de la chronique « Bonjour à toi Enfant du Futur Immédiat : Quel est le meilleur son possible ? », avant et après compression, CC Da Scritch.