Extrait de l'émission CPU release Ex0152 : L'avenir de la radio FM analogique.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui remarque que je ne redescend pas depuis 1 mois du sujet, et pour cause : ça fait 15 ans que je bosse sur le DAB+ et qu'on est enfin dessus !
Radio <FMR> émet désormais en hertzien sur l'agglomération toulousaine jour et nuit, 24h/24 7j/7. En non-stop, sauf quand on est en panne. Ben oui, on est une radio alternative, donc des fois ça marche, des fois… ça marche pas. Ben là, y'a intérêt à ce que ça marche sans interruption de service, avec des dispositifs de secours innovants comme un onduleur électrique et un magnétocassette chargée d'une bande de nuit enregistrée en 1997 si jamais y'a pas de signal envoyé depuis nos studios !
À côté de notre émetteur FM à 500 W de puissance, celui en DAB+ envoie 6 kW ! YOUHOU ! Autant qu'NRJ !
Mais en plus, Radio <FMR> te propose, petit veinard, de nouvelles émissions inédites en FM, comme Mirage
le jeudi soir à 23 h sur les musiques électroniques qu'on n'entend quasiment plus.
Si avec ça, on vous pète pas le feu… Ahem ! Bon bref, je m'égare, et pas que de Matabiau.
Pourquoi sommes nous allés sur le DAB+ ?
D'abord pour être captés : Il arrive que certaines stations radio FM émettent en mono, ce qui permet à puissance équivalente de couvrir grosso modo deux fois plus de territoire. Europe 1 l'a fait dans les années 1990 et… a vite remis le pilote stéréo . Pourquoi ? Parce que récepteurs radio ne s'arrêtaient plus sur leur station.
Ben à <FMR>, on a eu la même mésaventure en ayant fait l'économie d'une sous-porteuse RDS pendant 10 ans. C'était une erreur : plein d'auditeurs ne nous recevaient plus quand ils changeaient de poste.
Enfant du Futur Immédiat, il m'est ultra-important de rappeler l'importance qu'a eu la radio : c'est le média de masse qui est le plus accessible (car il n'y a pas besoin d'acheter un équipement cher, de payer un abonnement pour être reçu, ou même de savoir lire), et dont la diffusion sur une région géographique est la moins chère (comparée à la télévision, la presse papier, et les brèves de comptoirs).
Et, point qui n'est pas anodin de nos jours : l'anonymat. Si tu es en Biélorussie et que tu surfes sur le site web de la BBC sans passer par Tor, tu risques gros. Et les moyens de réception d'émissions comme le stream, le rattrapage web, l'appli mobile ou le podcast sont très rarement anonymisés.
Alors qu'écouter la radio en Grandes Ondes, ou en FM près d'une frontière, ça ne laisse aucune trace (si tu penses à changer de fréquence avant de l'éteindre).
Cet anonymat est important. Car il y a des radios dont les chiffres d'audiences sont peut-être très éloignées de leur auditoires. Je pense aux émissions à destination des prisonniers, des populations immigrées non-francophones, des personnes âgées ou des sans-abris… tout ceux qui n'intéressent pas les annonceurs publicitaires. Et je n'aborderai pas les situations d'urgence car nous en feront un sujet.
Que la radio soit le média quasiment le plus accessible montre son importance.
Or nous sommes aussi un podcast.
Et en France, comme dans d'autres pays Européens, on a une particularité : Les plus grosses audiences de podcasts viennent d'émissions radio disponibles en rattrapage.
Et je crois que ce petit détail cache une réalité importante sous nos longitudes : en France, la radio a un public fidèle, et répond à des besoins. Personnellement, je trouve l'offre extrêmement qualitative, et je suis fier d'être en compétition face à des stations du service public qui donnent envie d'arriver à leur niveau ou des stations privées qui font des documentaires et de la création sonore qui font oublier les pubs autour.
Franchement, je suis super fier d'écouter sur <FMR> des émissions comme Super Harmony
le vendredi à 17 h, un talk-show qui parle de techno, je parle de musique électronique, comme nous le faisons nous dans notre créneau horaire : avec détails, passions et en expliquant les technologies derrière et l'historique. Ou encore les émissions de créations, qu'on appelle dramatiques
sur le service public comme les Ahuris
ou Vie d'Ordure
. Je crée la stupéfaction chez mes petits camarades des autres radios locales FM quand je dis qu'on a actuellement dans notre grille 3 émissions critiques sur le théâtre. Pas une, trois ! Comme dans « Richard III ». Tu sais :Mon royaume ! Mon royaume pour un cheval fiscal !
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Enfant du Futur Immédiat, entre autres Crimes contre l'Humanité… peut-être fais-je du sentimentalisme.
Cela fait 20 ans que l'audience de la radio descend… doucement, et depuis quelques années, elle chute. À tel point que pour la mesure d'audience par Médiamétrie, on y a inclus la radio de rattrapage, le podcast, les vues youtube… et pourtant cette audience mesurée par sondage téléphonique descend inexorablement.
Alors oui, Enfant du Futur Immédiat, la logique voudrait que la radio hertzienne meure parce qu'elle a fait son temps. Mais pour nous, qui sommes une radio associative, on ne vit pas de recettes publicitaires mais de l'énergie de nos animateurs bénévoles. Et depuis 1981, nous n'avons pas encore tout dit.
Donc en allant dès maintenant sur le DAB+ on espère ne pas louper le train. Autant ne pas perdre nos auditeurs que nous avons déjà, peut-être en convaincre de nouveaux et cultiver la marque de notre antenne, au-delà de nos trois lettres F
M
R
, pour que l'esprit de nos émissions spirituelles se perpétue.
Texte : Da Scritch
Photo : Studio de Radio FMR, 2011, CC-SA-By Thomas Berthelon