Extrait de l'émission CPU release Ex0159 : Légendes confidentielles du minitel, première partie.
Là, vous parlez de l'appareil tel que nous l'avions connu, mais vous aviez parlé d'expérimentations avant…
Oui, tout à fait ! Dans celle de Vélizi en 1980, l'appareil fourni était un décodeur sans écran, avec un clavier télécommande infrarouge. En fait, un décodeur Thomson de télétexte Antiope légèrement modifié. Les 300 premiers foyers devaient donc avoir un téléviseur récent avec la toute nouvelle prise péritel.
Amusant… En soit on avait déjà inventé l'Apple TV et l'Android TV avant tout le monde
Bien sûr.
Pour accéder aux services du minitel, le ménage cobaye appelait le numéro 612-34-56.
Lors de cette expérimentation furent testés la consultation des horaires SNCF, des tarifs bancaires et des premières messageries.
Cette expérience devait surtout calmer les éditeurs de quotidiens nationaux et régionaux, qui étaient vent debout contre ce nouvel outil d'information. Qui irait encore sortir acheter son quotidien régional sous un crachin, alors que le terminal allaient leurs délivrer des nouvelles bien plus fraîches ?
Oui, j'imagine que la presse était déjà très échaudée contre la radio et la télévision.
Tout à fait !
C'est à ce moment-là que fut décidé que tout service accessible par ce PAVI (Point d'Accès VIdéotex), le 612-34-56, devait être relié à un numéro de commission paritaire. Et pour forcer l'analogie, ledit numéro de téléphone unique fut appelé le Kiosque
. Même si les kiosquiers n'eurent pas un sou de compensation.
En gros, un tiers des revenus allaient chez les PTT, un tiers chez un éditeur de presse et un tiers chez le fournisseur de service lui-même.
Ce reversement vertueux a permi à toute la presse de survivre sans subventions excessives. Même si elles existaient. Mais parfois, nous avions le mariage de la carpe et du lapin.
Un des directeurs fraîchement recruté de l'agence d'intérim Adecco s'est étouffé de découvrir que le service minitel de son entreprise utilisait le numéro paritaire de la revue Droite Extrême Droite. Cette même revue très catholique faisait aussi son beurre grâce à un service minitel de rencontres très libertines, à en faire rougir un cureton.
Sans rire ?
Sans rire.
Si vous le savez, je suppose que vous en étiez client ?
Je ne dirais rien sans présence de mon avocat.
J'imagine le genre de bénédiction qu'ils ont fait sur ce montage financier olé olé.
Texte : Da Scritch
Interprété par DuSport et Monsieur X
Photo : Test d'affichage de carte météo de Bretagne, 1980, via l'article DaDa, le Minitel ? Bien involontairement, oui !, D.R.