Extrait de l'émission CPU release Ex0159 : Légendes confidentielles du minitel, première partie.
Et comment se connectait le minitel ?
Avec un modem avec des caractéristiques très précises : la norme V.23 en 1200/75. Soit 1 200 bauds en réception, un débit extrêmement rapide pour 1980, et 75 bauds en émission. Et comme je l'ai dit, à 75 bauds, vous envoyez moins de 9 caractères par seconde.
Avoir une transmission avec des débits aussi différents permettait d'avoir une meilleure stabilité sur les lignes bruitées. Il est plus facile de demander à un serveur de renvoyer une page qui s'est mal affichée, que pour ledit serveur de demander à l'utilisateur de ré-appuyer sur une touche qu'il a mal compris.
Accessoirement, l'électronique pour le 75 bauds est aussi bien moins cher.
Et, je peux vous le dire maintenant, cette dissymétrie permettait d'asseoir l'idée énarquienne du sens de la communication : des Hautes Sphères vers le bas peuple.
Mais revenons sur les chiffres : 1 200 bauds en réception et 75 bauds en émission.
Jusqu'ici je m'exprime en bauds
, donc en bits par secondes, il faut grouper ces bits en caractères. Ceux-ci sont en 7 bits, plus un bit de parité pour vérifier la qualité de transmission et par sécurité, un octet de somme de contrôle redondant tous les 16 caractères.
Et si jamais ces mesures de protections ne suffisaient pas parce que la communication était trop bruitée… Le minitel et son serveur avaient encore un plan B.
Peu de gens le savent, mais le standard V.23 prévoit que le modem pouvait décider de réduire la vitesse de réception à 600 bauds si la ligne téléphonique était de trop mauvaise qualité. Bien évidemment, la facturation à la minute était inchangée.
Bien évidemment…
Cette norme V.23, purement française fut normalisée en 1988 à l'ITU, l'Union Internationale des Télécoms. Une très bonne chose car ces caractéristiques étaient déjà dépassées, il fallait rappeler l'avance technologique française même passée.
Tous les modems officiellement commercialisés en France jusqu'en 2000 étaient obligatoirement compatibles au format V.23. Et ceci, jusqu'à la mort de l'accès modem avec l'arrivée de l'ADSL. Quoiqu'il se dit qu'à la mairie de Pau, les grandes oreilles frémissent à l'écoute d'une porteuse de début de connexion. Modem oblige.
C'est pas gentil envers François Bayrou, votre blague est même gratuite.
Vous préférez le palier 0,34 FF à la connexion et 1,29 FF/mn ?
Euh non non, continuons…
À partir du Minitel 1b, il était possible de renverser le modem, ce qui transformait le modem en émetteur, passant en 75 bauds en émission et 1 200 bauds en réception.
Une fonction qui a dû être très utile pour les sourds-muets, mais qui n'a pas réussi à prendre. Ce n'est pas faute de leur avoir expliqué plusieurs fois de vive-voix.
Oui, alors, de la manière dont vous me le dites, cela ne m'étonne pas que ça n'aie pas marché…
Évidemment, après coup, c'est facile : les groupes de travail au Ministère croyaient qu'ils était seulement durs d'oreille, pas qu'ils étaient vraiment sourds. Du coup, les PTT ont mis en place un service spécifique, le 36-18, qui s'occupait de passer l'appel avec votre correspondant et de lui demander d'allumer son minitel. C'était moins idiot.
Retournons l'appareil, outre les câbles d'alimentation et celui vers le téléphone en prise gigogne, vous noterez cette prise à 5 broches. C'est une prise série au format Din, une forme dont le choix a été décidé dans le cadre du rapprochement Franco-Allemand. L'usage du terminal via cette prise connu des petites applications pratiques : il était possible, par exemple, de contrôler un journal public lumineux avec. Très utilisé par les collectivités locales et les administrations publiques… D'autres appareils connectés par cette prise proposaient des extensions intéressantes : comme un lecteur de cartes bancaires, un stylo optique lecteur à code-barres ou encore une petite imprimante compacte à papier thermique, qui s'insérait fort astucieusement dans la poignée au-dessus de l'écran.
Trois petits outils insignifiants mais fortement utiles pour des commerces qui souhaitaient accepter la carte bancaire d'une façon plus moderne que le sabot à empreinte mécanique, qui ne protégeait pas des fraudes à la carte volée.
On verra plus tard que le renversement de modem et la prise série allaient faire trembler les pontes du réseau Transpac.
Texte : Da Scritch
Interprété par DuSport et Monsieur X
Photo : Minitel 1 de La Radiotechnique, photo d'une annonce sur eBay, D.R.