Extrait de l'émission CPU release Ex0159 : Légendes confidentielles du minitel, première partie.
C'est en 1984 avec le lancement du premier minitel que la killer app
comme disent les jeunes, ou le grand remplacement
comme disent les personnes très âgées pu être mise en place : le fameux numéro 11
, c'est à dire la consultation de l'annuaire électronique, qui lui aussi fut mis généreusement au tarif ultra-compétitif de gratuit durant les 3 premières minutes par appel.
Il devenait alors évident qu'il était bien plus rapide de trouver un numéro de téléphone via le minitel que dans l'annuaire papier, même si le débit rendait l'affichage des résultats trèèèèès lent.
Bon, pour être franc, il y eu quelques couacs : des minitels étaient livrés dans certaines régions bien avant que le 11 ne soit câblé dans tous les centraux téléphoniques. L'astuce alors était d'appeler le numéro local explicite, le 16 (3) 619-91-11.
Embêtant et peu simple pour des utilisateurs un peu frustres en quête de modernité.
L'annuaire est un facteur de construction sociale très importante dans ces régions agricoles ou montagnardes : on apprenait le décès de ses voisins dans le Limousin que l'année suivante, avec l'annuel annuaire papier…
Mais quand le minitel fonctionnait, quelle révolution !
Néanmoins, il y eu des résistances. Notamment de nombreuses grèves de la CGT sur le site de Douai de l'Imprimerie Nationale, usine chargée par les PTT d'éditer leurs annuaires. Ce qui décalait tellement la sortie annuelle des annuaires qu'avec un simple décalage d'un mois, ceux-ci pouvaient comporter jusqu'à 10 % d'inexactitudes selon les chiffres du Jancovici Project.
Mais les syndicats les plus véhéments étaient ceux des commissaires de police, qui regrettaient vraiment l'annuaire papier car l'usage du minitel en interrogatoire de suspects laissaient des traces physiques, contrairement au folio papier, ce qui pouvaient éveiller des soupçons auprès des bœufs carottes
.
De qui ?
L'IGPN
Qui ça ?
l'Inspection générale des Services, en charge de la Police Nationale
Pardon ?
De la Police des Polices
. Oui, je sais, cela peut surprendre, mais effectivement, à une époque où le tabassage à mort de Malik Oussekine par les voltigeurs motocyclistes avait été qualifié comme un bête accident de la route dû au passant inconscient qui n'aurait jamais dû traverser un vert piéton quand passe un deux roues,… un passage à tabac en garde à vue se devait, selon les consignes très strictes de Charles Pasqua, de laisser le moins de traces corporelles visibles. Après une décennie de discussions âpres, l'importation depuis les États-Unis de taser™ permis de dénouer cette tension, à condition de ne pas les brancher sur le 220 V et de rembobiner proprement les câbles dans l'ustensile.
Texte : Da Scritch
Interprété par DuSport et Monsieur X
Photo : Annuaire téléphonique papier de Seine et Marne, édition 1978, en vente sur Amazon, D.R.