Extrait de l'émission CPU release Ex0171 : Alerte de sécurité civile.
En 2002, un rapport des inspecteurs généraux concernant le Système National d’Alerte demande une actualisation du système avec les moyens modernes, comme utiliser les automates d'appel, des informations téléphoniques personnalisées dans les secteurs à risques, les SMS et les panneaux à messages variables. La loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 va inscrire dans les différents codes la mise en place d’un Service d’Alerte et d’Informations de la Population (SAIP). Mais écrire une loi ne suffit pas, il faut la volonté exécutive ; il faudra attendre les décrets de 2012 pour lancer les travaux, c'est-à-dire après les attentats à Toulouse.
Lancé en 2007, le Ministère de l’Intérieur prépare cette grande réforme de son service d’alerte de la population. Les différents services d’alertes sont répartis entre les 1 363 sirènes du Réseau Nationale d’Alerte (RNA) installé dans les années 1930s-40s, les 965 sirènes communales et les 1 121 sirènes industrielles.
Pour réunir et simplifier la gestion des alertes, il fallait identifier des bassins de risques pouvant menacer la population comme les sites industriels du type Seveso et les barrages d’eau. Le Ministère de l’Intérieur va ainsi identifier 1 743 bassins de risques sur l’ensemble du territoire.
78 millions d’euros seront budgétés pour les 2 volets de l’opération : l’alerte traditionnelle avec ANTARES, un logiciel unique pour la gestion des urgences mais également le déclenchement des alertes, la mise à jour et la connectivité des différentes sirènes et l’alerte mobile des populations avec l’utilisation des moyens individuels (SMS, e-mail,…) ou collectifs comme les panneaux à messages variables, le service public de l’audiovisuel et les réseaux sociaux. Le premier volet sera financé à la hauteur de 46 millions d’euros tandis que le second est prévu pour 32 millions d’euros.
Le Ministère de l’Intérieur lance en 2013 un déploiement test dans les départements des Bouches-du-Rhône et du Rhône. Entre 2013 et 2021, une première vague de déploiement va donner la priorité aux bassins jugés les plus à risques. Une seconde vague va être lancée pour couvrir les bassins restants. A terme, 2 830 sirènes seront connectées au réseau ANTARES dont 987 nouvelles sirènes, notamment pour les communes n’ayant pas de sirènes.
Le logiciel unique ANTARES sera livré avec un retard de 3 ans au Ministère et aux préfectures. L’application logicielle intégrant une interface cartographique permet le déclenchement des moyens d'alerte par les autorités à différents échelons :
- Dans les communes, en permettant au maire un déclenchement sur sa juridiction ;
- Dans les départements, à partir du centre opérationnel départemental (COD) du préfet et, sur ordre d'un maire ou du préfet, à partir du centre opérationnel départemental d'incendie et de secours (CODIS) des sapeurs-pompiers ;
- Dans les zones de défense, à partir du centre opérationnel de zone (COZ) de l'état-major interministériel de zone ;
- Sur le territoire national, à partir du centre opérationnel de gestion interministériel des crises (COGIC) du ministère de l'intérieur, des centres de détection et de commandement et du centre national des opérations aériennes (CNOA) de l'armée de l’air.
En 2020, selon un rapport du Sénat, l’Etat a mobilisé 85 % des 81 millions d’euros de crédits prévus pour le volet alerte traditionnel. Le suivi du SAIP a été transféré de la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) vers la Direction du NUMérique (le service informatique du Ministère).
Cependant, le système reste encore loin d’être reconnu et compris dans la population. Dans une étude sur la reconnaissance des consignes de sécurité à Rouen en 2018, soit un an avant la catastrophe de Lubrisol, un sondage a révélé le manque de connaissance de la population des signaux d’alerte et des consignes de sécurité dans ce cas. Ainsi, seuls 19 % connaissent le signal d’alerte et les consignes, 24 % connaissent le signal mais pas les consignes, 11 % connaissent les consignes mais pas le signal. Le restant, soit 46 %, ne connaissent ni le signal ni les consignes. Sur les 33 responsables de sécurité d’établissements pouvant servir d’abris, seuls 7 proposeront de confiner leur établissement et d’accueillir la population suite au signal d’alarme, comme le prévoit la consigne. dont les 6 ayant reçu la formation dédiée.
Texte : Infested Grunt
Photo : Alertronic high-powered voice siren, CC-By-SA Robert Lawton (2006)