Extrait de l'émission CPU release Ex0191 : lost + found (fin de saison printemps 2022).
Depuis quelques années maintenant, le monde des TowerCo est en plein changement. Entre les consolidations, les rachats et les nouveaux entrants, ce petit écosystème change à toute vitesse.
Mais d’abord nous allons répondre à cette question : une TowerCo, qu’est-ce que c’est ?
Une entreprise de TowerCo c’est une entreprise qui gère des infrastructures radio passives, c’est-à-dire principalement des pylônes métalliques et des points hauts (château d’eau, toits,etc…). En effet, ce qu’on appelle couramment des antennes mobiles
est en fait constituée de deux choses, d’abord un point haut par exemple un pylône sur ce point haut viennent ensuite s’installer un ou plusieurs opérateurs. C’est à ce moment là que le pylône devient une antenne, 3G, 4G, 5G ou même une antenne de télévision. Dans les années 1990s, selon le modèle de déploiement du réseau mobile, chaque opérateur devait déployer ses propres antennes. Depuis la mutualisation s’est invitée.
Parmi les principales TowerCo on trouve l’opérateur historique TDF, Cellnex, Hivory ou encore ATC France.
C’est une activité rentable mais complexe, il faut obtenir des parcelles, des permis de construire [Post scriptum : Non, lire cette réaction] pour ensuite monter le mat et attendre les opérateurs, qui de leur coté doivent obtenir des autorisations auprès de l’ARCEP.
Avec la monté en puissance des anti-ondes et de leur influence sur les élus en place la construction de nouvelles antennes a été rendu plus difficile (notamment dans les zones blanches, tant pis pour les habitants) et a mené à une consolidation des acteurs et à la mutualisation des points hauts en mettant plusieurs opérateurs sur la même antenne.
C’est alors qu’un nouvel entrant, Valocîme, arrive en affirmant pouvoir générer des gains pour les mairies propriétaires des parcelles où les antennes des concurrents sont déjà implantées. Elle affirme pouvoir racheter les antennes pour 100 000 € ou s’engage à les reconstruire à hauteur de cette somme.
Agissant ainsi elle a obtenu de plusieurs collectivités que des baux de locations arrivant en fin de contrat soit renégociés. Ainsi une parcelle d’un loyer de 5 000 € à l’année a vu son loyer augmenter à 30 000 €. L’occupant actuel doit alors s’aligner sur le prix, mais Valocime renchérit pour louer la parcelle à 32 000 €.
L’occupant doit alors laisser la place en vendant ou en démontant son antenne. Problème, les contrats avec les opérateurs prévoient des pénalités en cas de panne ou d’arrêt brutal du service, ainsi pour les TowerCo en place il pourrait apparaître plus rentable de vendre ses points hauts à Valocime plutôt que de les démonter.
C’est pourtant le choix qu’a fait TDF à Heiligenberg dans le Bas-Rhin en démontant son poteau dans la nuit. Au petit matin la parcelle était nettoyée de toute construction comme stipulé dans le contrat de location.
Les conséquences d’une telle décision sont importantes, 18 communes sont privées de réseau mobile en attendant que Valocime reconstruise un point haut et que les opérateurs reviennent dessus.
Problème, comme je vous l’ai expliqué précédemment , pour construire un nouveau mat il faut des permis de construire, des déclarations à l’ARCEP et mettre en place un chantier qui dépasse les 100 000 € annoncés (surtout avec l’inflation et le prix de l’acier qui est passé de 500 $ la tonne à 1 700 $ la tonne depuis 2020).
Autre problème cette opération est à priori totalement légale, en vertu de la libre administration des collectivités territoriales et ni l’ANFR ni l’ARCEP ne peuvent intervenir dans ces dossiers.
Ne reste alors qu’une partie de poker entre différents acteurs, où le bluff ne paye pas aussi bien qu’escompté et où les principaux perdants sont les habitants des zones rurales.
Post scriptum : L'infrastructure d'émission de Radio <FMR> est un espace co-loué par plusieurs radios associatives et un opérateur DAB+. Nous en avions précédemment parlé
Texte : Solarus
Photo : Aériens de l'émetteur DAB+ d'Archachon, © @Granchacrafree, avec son aimable autorisation