Extrait de l'émission CPU release Ex0113 : Sécurité informatique en pays hostile.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui aimes voyager et tant mieux : les voyages forment la jeunesse !
Si tu trimbales ton matos dans ton backpack, souviens-toi que dans certaines situation, la sécurité informatique peut devenir vitale.
Elle peut devenir vitale parce que ton ordinateur et ton smartphone peuvent t'attirer les pires ennuis aussi anodins soient-ils. Pourquoi ? Parce qu'ils stockent tes messages, tes brouillons, tes centres d'intérêts, tes amis, tes factures et ta position.
Nous avons la chance de vivre dans un pays libre. Où l'expression d'une opinion est libre, où la présomption d'innocence prévaut, où le citoyen est protégé contre le recours excessif à la puissance étatique. Bref nous sommes loin de situations comme dans le jeu « Papers please » où un douanier prend des décisions arbitraires à la demande de sa hiérarchie, dans le film « Z » de Costa-Gravas où un député est assassiné impunément par la police et dans le roman « 1984 » où l'intimité n'existe plus puisque les smart-TV à caméras n'ont pas de bouton ⏼ Off.
Malheureusement, cet état de fait n'est pas toujours vrai.
Dans les grands principes, oui, nous vivons dans un pays libre, sans trop de censure. Ceci en comparaison avec des pays qui mettent démocratique
, populaire
ou république
dans leur nom comme la Corée du Nord, la Chine continentale, la Russie, Cuba, le Vénézuéla et la France. Ben oui, la France n'a pas toujours été une république très tranquille. Et puis y'a une différence entre l'Érythrée et les États-Unis en termes de danger : Aux États-Unis, les douaniers vous demandent tous vos comptes sociaux si vous passez par un de leurs aéroports, vos smartphones peuvent être immédiatement copiés et mentir peut vous envoyer en prison assez longtemps. En Érythrée, ils ont pas les mêmes moyens techniques, sinon ce que pourrait connaitre le gendarme de la manipulation d'un smartphone, mais eux, ils sont nettement plus prompts à mettre sans procès une balle dans la nuque de quelqu'un qui leur plait pas.
Oui, plus vite qu'un flic américain.
Donc déjà, tu as compris que les précautions ne sont pas du tout les mêmes, et les données à protéger non plus.
Alors tu me diras, mais pourquoi aller dans des pays aussi peu funky ?
. Ben des fois, t'as pas le choix : cela peut être pour le travail parce que ton employeur a une filiale là-bas, parce que tu y as de la famille ou parce que tu veux en savoir plus sur le succès fulgurant des entreprises du groupe Bolloré dans certains pays d'Afrique. Ou sinon, c'est ton propre pays qui tourne vers un sens qui n'est pas commun, mais au désavantage de tes droits.
Alors il y a plusieurs niveaux de dangers : le douanier qui veut savoir où tu es allé. Le policier qui se demande pourquoi tu as choisi telle place dans ce restau plutôt qu'une autre. Le gendarme qui n'a pas vraiment l'air d'apprécier ton livre de coloriage de Winnie l'Ourson.
Parfois, ces gens sont équipés pour pouvoir aller fouiller ton smartphone et en extraire toutes les données, parfois sans avoir besoin de demander ton mot de passe. Et il y a aussi les armes numériques de surveillance globale.
D'ailleurs, Enfant du Futur immédiat, on ne devrait pas trop s'en vanter, mais la France est un gros pays exportateur de ce type d'armes numériques contre les civils, vers des pays trèèèès démocratiques comme l'Arabie Saoudite, la Libye, l'Égypte, l'Europe de l'Est, l'Afrique. Il faudrait demander à Jean-Marc Manach, à Olivier Tesquet et à d'autres comment des sociétés françaises comme Amesys et Suneris se sont rendues complices d'actes de torture.
Alors oui, il faut s'auto-défendre numériquement avant de partir AFK en Afrique, mais attention : trop se protéger peut mener à des traces, et à vous rendre d'autant plus suspect. Y'a des contrées où les mots de passe sont cassés à grand coup de marteau sur les mains.
Rudimentaire, mais dissuasif.
Enfant du Futur Immédiat y a des pays où quand t'es arrêté, n'importe quoi peut te rendre coupable. Tu n'as pas droit de voir ton avocat, ou alors, ton avocat sera aussi emprisonné avec toi. Alors forcément, quand tu dois aller visiter ces pays, il te faut t'entourer d'un luxe de précautions et pas qu'en informatique.
Texte : DaScritch.
Photo : Ever watching street CCTV camera, CC0 non créditée, via publicdomainpictures.net