Extrait de l'émission CPU release Ex0193 : Datamatrix, QR-code et autres damiers.
Après avoir parlé du support, on va maintenant parler des usages, ce que l'on appelle le monde applicatif
: Que met-on dans un code-barre 2D ?
L'usage actuel le plus fréquent est l'URL, mais à la base, on peut y mettre n'importe quel texte. Et la plupart des formats de fichiers courts, s'ils conviennent aux contraintes de taille et d'encodage. Par exemple des formats normés comme vCard pour des cartes de visites, ou des vCalendar pour des invitations à des événements professionnels. On peut y coller la description d'un point d'accès wi-fi (sans son mot de passe). D'ailleurs, sur un téléphone Android récent, vous pouvez partager un point Wi-Fi avec un autre téléphone en scannant le QR-code généré à la demande par le téléphone ayant déjà enregistré le réseau à partager.
On utilise aussi des datamatrix ou des QR-Code comme séparateurs dans une masse de documents papier à scanner. Là, je parle de volumes industriels de papier pour les grosses bases de documents d'entreprise, les GED. Genre, t'as 4 dossiers qui font 500 pages en tout, tu intercales entre chaque groupe de documents un code-barre 2D indiquant les séparations entre chaque dossier et tu laisses littéralement la pile se faire aspirer par un scanner de la taille d'une grosse photocopieuse. Pourquoi des code-barres 2D plutôt qu'un gros texte Dossier contentieux Tartempion
? Car tout simplement ils sont bien mieux reconnus par les scanners que le texte simple. Et si on utilisait du code-barre jusque dans les années 2015, le passage au code-barre 2D permet d'indiquer au logiciel de reconnaissance optique la référence de dossier à y accoler.
Pratique.
On peut aussi mettre dans un code-barre 2D un fichier binaire, une application très utilisée pour gérer les clés publiques et privées par exemple des portefeuilles en cryptomonnaie. Et en fichier binaire, on peut aller jusqu'à un petit exécutable, je reviendrais dessus avec un usage très surprenant.
Et dans un code-barres en 2D, on peut y mettre un texte court. Dans un datamatrix ou un QR-Code, rien n'empêche de mettre un peu de poésie, tant qu'elle est plus courte qu'une phrase de Proust. C'est justement la performance de l'artiste Dom Barra, performance vraiment passionnante car il mélange différents formats pour chacun de ses poèmes comme le PDF417, Aztec, Datamatrix, QR Code et autres formats plus ésotériques, ajoutant à son texte qu'il vous faudra batailler pour le lire, une esthétique post-moderne qui invite même à recomposer aléatoirement les phrases.
L'administration française a elle conçue le 2D-Doc, qui est utilisé pour certifier les documents d'identité. On a un datamatrix comme support pour stocker un texte et son hash cryptographique signé, ce qui fait que le gendarme qui contrôle votre carte d'identité peut le faire d'un simple smartphone, sans avoir à utiliser les fonctions de carte à puce ou de lecture NFC. L'idée du 2D-Doc est donc d'avoir une information en clair, parfaitement lisible par n'importe quel lecteur de Datamatrix et son humain qui l'opère, et une partie du message qui est une simple signature cryptographique des données précédentes en format ouvert.
Le standard est purement français à l'origine, mais ne boudons pas notre plaisir : pour une fois, l'Administration Française a conçu un standard informatique d'une manière intelligente et inter-opérable.
Et bien évidemment, je vais me répéter : une URL. C'est l'usage le plus grand public.
Texte : Da Scritch
Illustration graphique : URL de l'émission en QR code.