Extrait de l'émission CPU release Ex0193 : Datamatrix, QR-code et autres damiers.
Le QR code, comme le Datamatrix sont dans le domaine public, il est donc possible par n'importe qui de générer des code-barres 2D dans ces formats (et dans d'autres), sans rien devoir à personne. Et dans ces deux formats, on peut librement y mettre une URL, ces deux supports ont même un mode de métadonnée spécifique pour préciser qu'ils délivrent une adresse web.
Donc des centaines, puis des milliers de bidouilleurs, de développeurs, de programmeurs se sont amusés sur ce format. Certains créant des générateurs automatiques pour des CMS comme Wordpress, d'autres des sites qui proposent de générer des QR-Code à partir de n'importe quelle URL.
Sauf que certains ont décidé de se démarquer de leurs petits camarades sur l'aspect visuel.
Ils profitent d'une marge de tolérance du standard sur le contraste, et se sont mis à en changer les couleurs, puis les formes même des pixels. Puis, en augmentant la sécurité de lecture et la redondance du message au sein du QR-Code, certains ont tenté de remplacer une partie centrale du message par une image, un logo, qui n'est absolument pas dans les canons des QR-Code.
Quand c'est très bien paramétré, ça marche encore, car justement le QR-Code, d'ailleurs plus que le Datamatrix, est prévu pour avoir des tolérances de lecture sur un défaut important du motif. Mais ces libertés vis-à-vis du standard ont un prix : le taux de reconnaissance chute, voire la reconnaissance et la lecture du motif peuvent devenir longs, très longs.
Ces petites fantaisies furent très à la mode en France au début des années 2010s, portées par des start-ups qui espéraient vendre avec des générateurs de sites mobiles, de l'analyse de trafic, et j'en passe. En fait, quasiment le même business-model que les Microsoft Tags.
Sauf que la qualité moindre de lecture, et le passage par un serveur intermédiaire ralentissaient encore l'accès, n'ont pas fait perduré cette… mode.
Je ne vais pas être vache : j'ai rencontré beaucoup de ces start-ups qui s'étaient lancés sur ce créneau au même moment, et quand on a eu une discussion approfondie avec leurs créateurs, ils rentraient tous dans cette case. Cette case, là : celle des produits qui se veulent à la mode
mais qui se ringardisent trop vite car surexploités.
On trouve encore des QR-code que je qualifie toujours de fantaisie
ou déco
, mais le déclin du mobile-tagging en Europe les a fait quasi-disparaître.
Pour résumer : si vous voulez réussir votre QR-Code, y'a quelques points élémentaires à respecter :
- ayez le message le plus court possible. D'après vous, pourquoi le nom de domaine de l'émission est
cpu.pm
? ça me fait 19 caractères pour lier vers une émission. - ne réduisez pas trop les redondances de sécurité
- précisez bien le mode de données transportées : si c'est un site web, vérifiez que le générateur est paramétré sur
site web
et pas en texte pur. - gardez un ratio de contraste de plus de 70 %, ne déformez pas les pixels, et notamment évitez de les arrondir ou de les disjoindre, évitez de mettre un logo dedans, c'est peu utile. Si vous voulez mettre de la déco, mettez-là autour du QR-Code
- et la bonne pratique ultime : laissez le message en clair, lisible à côté du QR-Code.
Ouais, tout ça semble un peu tristounet, mais au moins, votre message reste reconnaissable et parfaitement lisible à tous les coups, même quand on n'a pas de logiciel de lecture.
En tout cas, si vous utilisez un générateur gratuit de QR-Code trouvé sur le web, vérifiez que l'URL décodée renvoie bien directement vers la page web que vous aviez indiqué, et ne passe pas par un site intermédiaire.
Texte : Da Scritch
Illustration graphique : QR-code généré chez Unitag avec des paramètres exagérés. CC-NC-SA.