Extrait l'émission CPU release Ex0061 : Casseurs de briques.
D'après le texte Générations casseurs : Breakout
Atari, l'entreprise qui a créé le célèbre Pong, le jeu vidéo de bar, vient d'être vendu au groupe Warner pour un montant record en 1976 : 30 millions de $. Mais Nolan Bushnell, son géniteur, cherche à rester innovant dans ce marché qui explose depuis 5 ans : il va sortir la première console de jeu évolutive via des cartouches, la Atari Video Computer System, qui fut renommé plus tard l'Atari VCS 2600.
Mais dans l'immédiat, il veut transformer son coup d'essai dans les salles d'arcades et s'imposer à côté des flippers, avec un jeu vidéo simple, compréhensible par tous et donnant un sentiment d'excitation à tenter de le maîtriser.
On imagine ce qui a dû passer dans l'esprit de Nolan Bushnell : Une espèce de jeu Pong avec un seul joueur, qui aurait un défaut, la balle efface un bout de mur en rebondissant, comme les rang de cibles en triplette dans les flippers.
Ainsi naquit : Breakout, le premier casse brique
Si une maquette du jeu est rapidement construite, elle se montre assez gourmande en processeurs et autres circuits imprimés. Elle est relativement chère et compliquée à maintenir.
Bushnell demande à un de ses nouveaux employés de lui produire une carte avec le moins de processeurs possibles, prime à la clé. Gros défi pour le jeune Steve Jobs, mais un de ses amis a justement un incroyable sens du design matériel simplifié au possible : Steve Wozniak. Un camarade de petite délinquance du week-end, maniant ensemble le fer à souder pour fabriquer des blue-box (un montage parasitant le système de facturation des appels téléphoniques longues distance).
À l'époque bossant diurnement chez Helwett Packard, Wozniak sèche et va en 4 jours montrer son savoir-faire génial : la technologie utilisée serait non pas à base de microprocesseurs, mais de logique discrète. Il aura même l'astuce de mettre de la couleur à l'écran avec de simples caches en plastique colorés.
La technologie utilisée dans cette carte de test fut trop difficile à industrialiser par Atari, qui fut contraint de faire la première émulation connue comme borne d'arcade. Il fallait en effet reproduire sur microprocesseur non pas un programme, mais émuler la logique d'un câblage électronique.
Jobs partagera les 750 $ promis par son patron avec Wozniak, soit 10 $ par circuit économisé, mais pas les 7500 $ de prime. Woz apprit l'embrouille largement plus tard, alors qu'il avait déjà beaucoup de reproches à faire à son associé Jobs. Ce fut la goutte d'eau qui fit partir Woz de leur boîte Apple, mais c'est une autre histoire.
Le jeu avait une difficulté progressive, avec différentes phases d'accélération de la balle et la réduction de la batte vers la fin du tableau. Mais ne comportait que 2 niveaux. Et après ?
Ben… écran vide !
À l'époque, les kill screen n'étaient pas rares , le moment où la borne d'arcade plante car rien n'était prévu à ce niveau de difficulté. Atteindre un kill screen était la juste récompense du bon joueur, la ligne d'arrivée.
Atari fit son beurre de la licence. Le jeu fut portée sur toutes les consoles et ordinateurs familiaux de l'époque. Le must have.
Son portage sur Apple ][ eu droit à plus de niveaux, popularisa les manettes potentiomètres, permis d'introduire les fonctionnalités sonores de l'ordinateur et fut rédigé par… The Woz. Eh oui, encore Steve Wozniak. À ma connaissance, il semble qu'Atari n'a jamais demandé de droits à Apple par respect pour son génie.
Good Game, Woz.
Auteur : DaScritch
Illustration : American Classic Arcade Museum, D.R.
Fond sonore : gameplay, D.R.