Version longue de l'interview diffusée dans l'émission CPU release Ex0155 : Cyberpunk. Interview enregistrée le 7/12/2020.
Nous sommes en 2020, et Night City se dévoile sur consoles next gen. Pour parler de ce genre de science-fiction, comment il colle ou pas à la décennie qu'il est supposé décrire, nous avons deux des trois auteurs de « Cyberpunk, Histoire(s) d’un futur imminent » paru aux éditions Ynnis :
- Journaliste IT, notamment chez Next Inpact ;
- Autrice d'excellents livres hommages à Isao Takahata, à Miyazaki et à « Akira », toujours chez Ynnis ;
- Traductrice de comics, de romans SF et fantasy ;
- Vient de s'échapper d'une clinique de désintox à la caféine pour cette interview ;
et Jean Zeid :
- Journaliste en jeux vidéos ;
- Commissaire des expositions
Game
sur l'histoire du jeu vidéo etDesign-moi un jeu vidéo
; - Ancien de Radio Campus Toulouse et d'Intramuros, et donc un vieux pirate avec qui j'ai pas pris une mousse depuis 15 ans ;
- Ah oui, j'oubliais, son vrai nom compte triple au Scrabble.
- Première partie : Là où naissent les netrunners
- Comment êtes-vous venus au genre Cyberpunk ?
- C'était quand, et à quelle période de votre vie ?
- Vous l'avez plus vécu par les romans, les films, le jeu de rôle, les séries télés ou la musique ?
- Sur les trois co-auteurs du livre, est-ce que y'a des portions du genre qui font polémique, ou que vous avez complètement découvert ?
- Je l'ai cité en intro, Jacques Goimard disait que
le cyberpunk, c'est du polar avec des boulons
. Est-ce que vous adhérez à l'idée que le cyberpunk est avant tout un polar ? Et même un polar hard-boiled où le protagoniste descend de plus en plus dans les bas-fonds, sans issue heureuse possible. - Et comme le polar a toujours été un genre avec un constat social, voir un message politique, on le retrouve aussi, ou il y a une certaine innocence ?
- Faut-il en accepter la version fantasy, comme le jeu de rôle « Shadowrun » avec ses trolls et ses elfes ?
- Ou encore une dimension space opera comme pour « Altered Carbon » (adaptée en série chez Netflix) ?
- Ou enfin allez après l'apocalypse, comme pour les manga « Blame! » (de Tsutoru Nihei) ou « Gunnm » (de Yukito Kishiro) ?
- Deuxième partie : Solo of fortune
- La plupart des anti-héros dans les œuvres cyberpunk ont la bougeotte : soit ils sont voyageurs professionnels, soit ils sont carrément SDF. Je pense notamment au Golden Gate colonisé par les
loteks
dans les romans de Gibson. Ont-ils décrit le nomadisme avant l'arrivée du smartphone ? - On a aussi une ouverture de la SF européenne/américaine à d'autres cultures, et de manière plus systématique que le « Dune&nnbsp;» de Frank Herbert : le Japon, Taiwan et même l'Arabie avec « Gravité à la manque » de George Alec Effinger.
- Dans le design cyberpunk, il y a aussi la mode et le paraitre : énormément de fluo, de néons et de chromes, on se croirait dans un artbook de l'artiste japonais Hajime Sorayama, mais crade.
- Ce qu'on a du genre Cyberpunk : les supercalculateurs de poches, le réseau internet, les marchés clandestins numérique de failles de sécurité, la précarité des classes sociales, les méga corporations plus puissantes que les états, les LED bleues, les drogues de synthèses. Il ne manque que les membres cybernétiques et les interfaces neurales. Ça vous tente, malgré les risques de crise cyberpsychos ?
- La plupart des anti-héros dans les œuvres cyberpunk ont la bougeotte : soit ils sont voyageurs professionnels, soit ils sont carrément SDF. Je pense notamment au Golden Gate colonisé par les
- Troisième partie : Plus humain que l'humain
- Décrépitude des classes sociales, destruction des services publics, pouvoir sans limites de multinationales. Le cyberpunk était-il autoprophétique ou simplement un manuel post-reaganien ? (Oui, à CPU, on ose les questions utiles)
- Que pensez-vous du pivot de William Gibson en 2000 passé brusquement du cyberpunk pur à l'anticipation immédiate depuis son « Identification des schémas » ?
- Est-ce que la vague actuelle autour du cyberpunk n'est qu'un contrecoup de la vague nostalgique des années 1980s ?
- Tout le foin autour du genre Cyberpunk en cette année 2020 ne vient pas qu'en référence au jeu de rôle « Cyberpunk 2020 » par Talsorian editions, mais surtout par le nouveau jeu « Cyberpunk 2077 », annoncé y'a 8 ans par le mythique studio de développement CD Projekt Red. Vous y avez jeté un œil ?
- Vous avez vu le concours de cosplay autour des personnages du jeu ?
- Quelle œuvre cyberpunk est injustement méconnue et mériterait d'être découvert par nos auditeurs ? (j'ai cité « Max Headroom » en intro)
- Avec le recul, que manque-t-il à notre startup nation™ qu'on pourrait récupérer de l'univers Cyberpunk, et surtout que ne devrait-on jamais avoir ?
- D'après vous, quel serait le genre hard science dont on fera des jeux vidéos dans 40 ans ?
Interview : Da Scritch
Photos : fournis par les interviewés. D.R.