Extrait de l'émission CPU release Ex0165 : Article scientifique.
Il nous sera difficile d'expliquer ce monde très nébuleux de l'édition scientifique, Et plus on s'y penche, plus on s'aperçoit que l'article lui même qu'on consulte peut être aussi important que l'étude qu'il rapporte. Où rédacteurs, éditeurs, acheteurs et lecteurs semblent se livrer à des escarmouches dans des enjeux économiques complexes.
Le sujet étant peu évident d'accès et demandant beaucoup de pratique, nous sommes là encore allés dans une bibliothèque emprunter un bibliothécaire.
Nous recevons donc dans notre datacenter Pierre Naegelen :
- Bibliothécaire responsable des ressources électroniques à l'Université Paul Sabatier ;
- Membre du collectif SavoirsCom1 ;
- Auteur de l'excellent blog Numeribib et du billet « Ce que nous dit la COVID de l'édition scientifique » ;
- Et fut professeur en lettre modernes, avant qu'Unicode ne soit populaire.
Ceci est la deuxième partie de l'interview axée sur les bibliothèques scientifiques, la première partie fut diffusée la semaine dernière.
- Quatrième partie : Le permis scientifique à points
- Expliquez-nous pourquoi les scientifiques en France sont obnubilés par la publication d'articles scientifiques
- Qu'est-ce que le SIGAPS ?
- Qui est le recordman de publication d'articles de recherche scientifique en France ?
- En quoi ce record, même homologué par le Guiness Book of Records n'est pas crédible ?
- Et si c'était simplement de la prédation sur ses collaborateurs et subordonnés ?
- Ce système de bonification aux publications est-il spécifique à la France ?
- Cinquième partie : Perte de points
- Est-ce que cette avalanche d'articles impacte la qualité des revues scientifiques traditionnelles ?
- Quand un étude est erronée, quelle est la bonne pratique alors pour ses auteurs ?
- Quand une étude est volontairement biaisée, quelle est la sanction pour ses auteurs ?
- Est-ce que quand une entreprise finance un labo, sponsorise ou est partie prenante d'une étude scientifique, il faut systématiquement s'en méfier ?
- On m'a dit qu'il y a des bureaux d'études qui fournissent des articles scientifiques prêt à signer et publier, tout comme dans les années 1980s, des bureaux d'études fournissaient des brevets pour défiscaliser des revenus. C'est courant ? Y'en a qui se font chopper ?
- Sixième partie : Perte de dialogue
- Vous avez écrit un article excellent sur votre blog, « Ce que nous dit la Covid de l'édition scientifique ». J'ai été sidéré du nombre de problèmes relevés.
- On va parler d'une WebExtention à PubPeer. Ça peut sembler bizarre de parler d'une extension de navigateur web mais elle a un rapport direct avec le sujet. Cette extension fait automatiquement le lien entre un article et un site, PubPeer lancé en 2012 par un membre du CNRS. Que fait PubPeer ?
- Il y a les plaintes en justice abusives qu'on appelle
procédure baillon
. C'était le cas de la part d'entreprise quand des scientifiques enquêtaient sur elles ou leurs impacts, maintenant, on le voit venir entre scientifiques, puisque Didier Raoult et Éric Chabriere s'attaquent à des commentateurs du site PubPeer, dont Elisabeth Bik, renommée dans son travail sur l'intégrité scientifique. Est-ce qu'on perd le droit de faire une analyse critique d'un travail scientifique ? - Au départ, quand j'avais commencé à préparer le sujet en 2017, Trump qui venait d'être élu avait fait dépublier des études du NOAA (l'organisme de prévision météorologique des USA) car il ne croyait pas au réchauffement climatique. D'ailleurs une commission d'enquête a été montée par l'équipe Biden à ce sujet. Est-ce que le politique peut influencer les résultats et est-ce une fragilité majeure de la recherche publique ?
- En soit, on se rapproche aussi de l'affaire Lyssenko où là encore une pseudo-science a été poussée pour asseoir une idéologie politique. En avez-vous un autre exemple ?
- Êtes-vous confiant sur l'avenir de la recherche de ce point de vue là, ou non ?
Interview par Da Scritch.
Photo fourni par le sujet, D.R.