Extrait de l'émission CPU release Ex0203 : Aux origines du web.
Bonjour à toi, Enfant du Futur Immédiat, toi qui surfe sur le web comme Monsieur Jourdain : sans même t'en rendre compte.
Dans les précédentes émissions de CPU, nous avions abordé l'état de l'art de la programmation web, un navigateur web emblématique, la préservation des vieux sites web, le moteur de site auto-hébergé le plus utilisé dans le monde, on a même parlé des origines de nos interfaces actuelles et du travail pour les rendre accessibles à l'ensemble des humains, surtout ceux souffrant d'un handicap.
Mais je me rends compte qu'on n'a jamais abordé ce qui a été une révolution informatique aussi fondamentale qu'internet, à savoir le web lui-même.
En un laps de temps très court, un individu va créer quatre éléments fondamentaux qui vont refaçonner l'ensemble de l'industrie informatique sur une trentaine d'années :
- L'URL : un système d'adressage très simple mais bourré de subtilités,
- HTTP : un protocole applicatif de communication,
- HTML : un langage hypertexte orienté réseau,
- et le Web, qui met en œuvre ces 3 briques élémentaires.
L'histoire est passionnante car on parle de standards ouverts qui sont restés compatibles avec les vieux tromblons des années 1990s malgré un nombre de surcouches et de réécritures assez conséquents. Et aussi de l'application qui est à ce jour la plus utilisée d'internet, et qui est la plus protéiforme, avec des variations innombrables d'usages. Il est très probable que si tu ne travailles pas encore dans l'informatique, tu doives t'y pencher. Même l'interface du langage Scratch sur lequel t'apprends l'algorithmique en primaire est entièrement basée sur le web.
Donc, dans CPU, nous commençons une série où l'on va te parler de comment fut imaginé l'hypertexte, comment il fut fondamental de lui donner une représentation du monde pour qu'on puisse accéder à n'importe quel document en ligne, et quelles conséquences… [Interruption par une notification de téléphone mobile]. Ah ? pardon, un message sur mon répondeur du président de Radio <FMR>. Houlà, ça doit urger !
Da Scritch ? Oui, c'est Pierre Rogalle. Je suis pas content de ce que j'ai appris. Tu comptes encore faire une émission très technique ? La dernière fois, t'as traumatisé les DJ reggae du Mercredi qui s'étaient endormis dans les studios. Y'en a un qui s'est pris pour un hacker et j'ai dû m'expliquer avec la police : il a tenté de pénétrer le commissariat en poussant son smartphone contre le mur extérieur.
Fait gaffe, hein ! Pas trop technique : ça les instruit. Trop.
Bonne émission et adishatz
!
Ah.
Pouf pouf, reprenons.
Il était une fois plein d'objets informatiques de laboratoire qui s'essayaient à un concept nébuleux mais prometteur : l'Hypertexte
. L'idée était de rendre plusieurs pages d'une encyclopédie comme liées naturellement entre elles, sans avoir à aller rechercher le terme qui nous intéresse dans l'immense volume table des matières
pour trouver dans quel autre volume on trouvera sa définition. (Oui, il me faut te rappeler qu'avant, les encyclopédies étaient de très gros bouquins de plusieurs milliers de pages en plusieurs volumes).
Pendant ce temps, on tentait de relier en un unique réseau différents ordinateurs, des moyens et des très gros, quels que soient le logo présent sur le boîtier. Quelque chose bouillonnait : on devait pouvoir rendre l'hypertexte utilisable, et pouvant faire référence avec des contenus hébergés sur des ordinateurs à l'autre bout du continent.
Enfant du Futur Immédiat, on va parler d'idées, de philosophie, de réseau, d'adressage, d'hébergement, de mille et uns concepts totalement abstraits mais qui sont totalement indispensables pour comprendre notre monde numérique, parce que nous baignons dedans, et qu'on s'en sert d'un seul clic tous les jours. Alors, prépare ton sac à dos, et n'oublie pas un carnet et un crayon, tu pourrais en avoir bientôt besoin.
Auteur : Da Scritch.
Illustration : Logo historique du WWW, créé par Robert Cailliau. Constitué de 3 W utilisant la police Optima Bold, selon Cailliau lui-même. Via Wikipedia Domaine public.